Economie

Gabon : Régis Immongault décortique la situation économique du pays

Libreville, mardi 18 Juillet 2017 (Infos Gabon) – Le ministre de l’Economie, de la Prospective et de la programmation du développement se prononce sur le Plan de relance économique (PRE), la dette du Gabon et son règlement, le dernier prêt du FMI et son utilisation rationnelle.

Plan de relance économique

A en croire le ministre de l’Economie et de la Prospective, le Plan de relance économique (PRE) nait du choc pétrolier qui intervient en 2014 au moment où l’économie gabonaise connait une embellie. Pour faire face à ce contexte particulièrement difficile, le gouvernement a dû mettre en place un nouveau mécanisme pour inverser la tendance et relancer la croissance.

«Le Plan de relance économique (PRE) permet au Gabon de pouvoir relancer l’activité économique (…) Il est clair qu’à cause de la crise, nous avons eu plusieurs déséquilibres macroéconomiques. La balance de paiement est déficitaire. Le budget aussi est déficitaire. Donc il faut stabiliser le cadre macroéconomique. Avoir des finances publiques saines. Il faut viabiliser les finances publiques à travers une réduction des dépenses et une mobilisation des recettes. Pour le faire, il faudrait avoir une politique qui consiste à rendre soutenable la dette publique. Il faudrait donc entamer certaines actions : accélérer les réformes structurelles qui consistent à donner plus d’oxygène à l’économie», a précisé Régis Immongault dans une interview accordée à nos confrères de Gabonactu.

Avant d’ajouter que «ce plan de relance économique vise à donner encore plus de dimension à nos stratégies de diversification de notre économie. L’objectif est de ne plus être dépendant du secteur pétrolier».

Rapports entre le Gabon et les bailleurs de fonds

Sur le prêt obtenu du Fonds monétaire international (FMI), le ministre de l’Economie, de la Prospective et de la programmation du développement tient à préciser que cette décision est une initiative du chef de l’Etat prise au lendemain d’un sommet extraordinaire des chefs d’Etat de la CEMAC tenu à Yaoundé en décembre 2016 pour sortir de cette zone de turbulence.

«Le Gabon pour mettre en œuvre ce plan de relance économique a demandé le soutien du Fonds monétaire international (FMI) à travers un mécanisme de recherche de crédit. Vous retenez l’aspect financement mis, il n’y a pas que l’aspect financement, il y a l’aspect des reformes structurelles dans les différents secteurs pour oxygéner l’économie. De ce financement en effet, le Fonds monétaire prévoit de décaisser une somme de 642 millions de dollars sur une période 3 ans», a indiqué Régis Immongault.

En clair, la décision de consentir un nouveau prêt du FMI est d’abord une volonté sous-régionale destinée à stopper la fuite des réserves. Mais, le Gabon ne paraîtra vulnérable comme le claironne déjà une certaine opinion. Car, le gouvernement a d’ores et déjà mis en place des mécanismes visant à ne pas faire subir à la population les effets induits de ce prêt.

«Pour cela, il faudrait absolument relancer le processus interne. Voilà pourquoi dans le cadre de cette stratégie, le règlement de la dette intérieure est un élément considérable par ce qu’il faut relancer l’économie, il faudrait plus de création de valeur ajoutée au sein de l’économie, il faudrait encourager les secteurs porteurs de la croissance, il faudrait créer les marges de manœuvre budgétaire, il faudrait renforcer l’attractivité de l’économie gabonaise afin que là où l’Etat réduit son action, le secteur privé prend le relais», a-t-il indiqué.

«C’est dans ce sens qu’on a eu récemment le haut conseil d’investissement. Donc ce programme du Fonds monétaire c’est le soutien du programme de réformes économiques et financières du Gabon. Le FMI appui le PRE à travers l’expertise technique, à travers l’accompagnement financier. Ça c’est le FMI», précise le membre du gouvernement.

Selon l’orateur, la Banque mondiale (BM), la Banque africaine de développement (BAD) et l’Agence française de développement (AFD) participent au financement de ce programme.

Un usage rationnel des financements reçus

A en croire Régis Immongault, les différentes enveloppes ne sont pas destinées à supporter le train de vie de l’Etat, encore moins pour augmenter les salaires ou des salaires de certaines catégories. Le ministre de l’Economie et de la Prospective tient à rassurer l’opinion que cet argent sera utilisé à bon escient.

«Nous allons payer notre dette pour booster notre économie. Cela impulsera une meilleure fluidité des règlements en ce qui concerne les entreprises bien sûr. Ça nous permettra d’être crédibles dans nos engagements extérieurs. Donc c’est l’ensemble de cela qui permet de pouvoir soutenir absolument le programme que nous avons arrêté dans le cadre du PRE appuyé par le fonds monétaire international», ajoute-t-il.

«Donc cet argent va servir à la fois, pour relancer l’investissement au niveau du Gabon, payer ce que nous devons, donc apurer les arriérés à la fois des dettes intérieures et extérieures, permettre que l’économie gabonaise puisse redémarrer», rassure M. Immongault.

Cependant, il tient à démentir l’information selon laquelle en 2016, la dette du Gabon aurait augmenté de 64%. Des propos que l’on prête à la représentante sortante de la Banque mondiale au Gabon par erreur.

«Non, non ! Elle n’a pas dit que la dette a augmenté de 64%. Elle a dit que le ratio de la dette par rapport au PIB était de 64 %. C’est différent. A ce propos on a écrit n’importe quoi. Vous avez un ratio de dette extérieure par rapport au PIB de 37% et un ratio de dette intérieure par rapport au PIB de 27%. Dans ces éléments de dette intérieure, nous avons intégrés les éléments qui n’y avaient pas avant : les avances consenties par la banque centrale aux Etats, remboursements de TVA, les instances du trésor, la dette déclarée par les entreprises… Tout cela a propulsé le ratio de la dette à 64% par rapport au PIB. Est si on l’a fait c’est pour permettre d’abord d’être transparent, de renforcer la bonne gouvernance et trouver des solutions définitives en qui concerne le problème de la dette. Ça signifie que des efforts sont faits», a-t-il relevé.

Toutefois, le ministre de l’Economie, de la Prospective et de la Programmation du développement reconnait que le Gabon s’est endetté par le passé pour régler ses dettes, mais tient à préciser tout de même l’endettement actuel s’est fait pour une cause.

«On s’endette pour payer la dette mais ce que nous payons en dette intérieure, ça relance l’économie. Ça crée aussi les revenus et ça augmente aussi le PIB nominal parce que le ratio de la dette par rapport au PIB a aussi augmenté à cause de la baisse du PIB nominal. Donc tout cela permet absolument de pouvoir arriver à une situation de stabilité macroéconomique à travers une meilleure soutenabilité de la dette publique», rassure-t-il.

Le Gabon n’est pas sous-tutelle du FMI

Suite à cet accord de prêt consenti par le FMI, une certaine opinion a tôt fait de déclarer que le Gabon était passé sous-tutelle de l’institution de Breton Woods. Mais, pour le gouvernement, tout cela ne relève que du pur mensonge.

«Absolument, c’est la rigolade. Par ce que c’est incroyable. Les mêmes personnes qui disaient il n y a pas longtemps que le Fonds monétaire international ne pourra pas soutenir le Gabon, il ne pourra pas approuver le programme par manque de rigueur et de transparence dans la gestion, ainsi de suite… Maintenant que le programme est approuvé c’est un autre discours : on est sous-tutelle. Quand le Fonds monétaire approuve le plan de la Côte d’Ivoire, du Sénégal, ainsi de suite, oh voici des pays exemplaires ! Maintenant c’est le Gabon, on dit que le Gabon est sous tutelle. Il faut vraiment savoir ce qu’on veut», ironise Régis Immongault.

«Le Gabon n’est pas sous tutelle du FMI. Je vous dis vous allez regarder le programme arrêté avec le FMI et le programme de relance économique présenté par le Premier ministre. Le Fonds monétaire s’est assis sur le programme de relance économique. Les reformes qui sont incluses dans le programme arrêté avec le FMI, ce sont des reformes du PRE. Donc ça c’est une volonté du gouvernement gabonais dans ce sens», martèle-t-il.

FIN/INFOSGABON/PM/2017

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