Archives nationales : « Elle ne joue pas pleinement son rôle à l’ère du numérique », Estelle Obe / Zoghessie

Libreville, Jeudi 14 Novembre 2019 (Infos Gabon) – La direction générale des Archives nationales, de la bibliothèque nationale et de la documentation gabonaise célèbre ses cinquante ans. Dans le cadre des festivités, le chef de service archives privées, Mme. Estelle Obe / Zoghessie nous a accordé une interview. Elle a relevé les dysfonctionnements que connaît cette entité.
Infos Gabon : Cinquante ans après son existence, comment se porte la direction générale des archives nationales, de la bibliothèque nationale et de la documentation (DGABD) ?
Estelle Obe / Zoghessie : C’est le même cadre depuis 1967, nous sommes toujours dans les mêmes bâtiments. Il est vrai qu’il y a eu quelques travaux qui ont été effectués sur cet édifice. Il y a eu aussi une petite évolution au niveau du personnel, au regard de la qualité des professionnels qui sont formés dans le domaine documentaire. En un mot, on peut dire que la DGABD se porte relativement bien.
Infos Gabon : Quelle est aujourd’hui son rôle à l’ère du numérique ?
Estelle Obe / Zoghessie : On peut dire qu’elle ne joue pas pleinement son rôle à l’ère du numérique. Et cela, pour la simple raison qu’elle n’arrive pas à prendre en charge tout ce qui est généré par les administrations. C’est une institution qui est appelée à gérer toute la mémoire documentaire nationale. Mais, on va dire que l’infrastructure n’existe pas. En 2016, la DGABD avait annoncé un projet de numérisation, nous avions débuté par tout ce qui était textes officiels. Malheureusement, lorsqu’il s’est agi de faire la demande d’un logiciel pour pouvoir mettre à la disposition des informations au grand public, et pour mieux les gérer, jusqu’à ce jour, nous n’avons pas ce logiciel. Cependant, on continue à faire ce travail de numérisation.
Il faut aussi dire qu’on n’a pas des agents capables de gérer ce genre de données. La majorité des agents a été formée à l’ancienne, et pour les données papiers. Ce n’est pas le cas des données numériques, il faut donc un personnel outillé sur le domaine.
Infos Gabon : A quel niveau se situe le problème ?
Estelle Obe / Zoghessie : Le premier problème se situe au niveau de l’infrastructure. Je rappelle que son cadre juridique n’existe pas. Le texte relatif à l’archivage numérique également n’existe pas, et les agents outillés sur la question numérique, nous n’en avons pas. Je crois que pour le lancement sur le numérique, il va falloir réfléchir en terme de projet. Ça fait appel à tout un questionnement par exemple, qu’est-ce qu’on veut conserver ? Comment conserver ? Quels sont les supports de conservation, et bien d’autres. C’est ainsi qu’on pourra donner forme à notre projet. Bien entendu, cela nécessité un financement, est-ce que la DGABD a les moyens de financer tout ce qui tourne autour du numérique, j’en suis pas si sûre.
Infos Gabon : Comment fait-on pour effectuer une recherche au sein de votre administration ?
Estelle Obe / Zoghessie : L’accès est libre. Il suffit juste de se munir d’une pièce d’identité. Par la suite, vous déclinez votre recherche. Si nous sommes à mesure de donner suite à votre demande, on vous communiquera ce qui existe. Les recherches se font sur documents papiers même si ces derniers connaissent une détérioration. C’est tout simple parce que les machines que vous voyez, devraient permettent aux usagers d’effectuer la recherche ne sont pas reliées par un logiciel.
Infos Gabon : Est-ce que la DGABD est connue du grand public, cinquante ans après sa création ?
Estelle Obe / Zoghessie : Je dirais qu’elle est relativement connue du grand public. Elle est même plus mal connue de ce grand public. C’est valable aussi pour les professionnels qui pensent que le travail d’archiviste consiste à gérer de vieux papiers. Or, les archives ce n’est pas que des vieux papiers, nous avons plusieurs cordes à notre arc comme on le dit. Je pense qu’un travail de communication devrait être fait dans ce sens.
Mais après, il faut aussi se poser la question de savoir si en interne nous sommes à même de donner la bonne information aux usagers, et de répondre aux différentes sollicitations. J’estime que pour le moment, ce que nous devons faire c’est serait d’améliorer notre organisation en interne avant de se lancer à l’externe.
FIN/INFOSGABON/LK/2019
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