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Présidentielle 2023 au Gabon : En démocratie, l’élection n’est pas une dictature de l’alternance

Libreville, Vendredi 25 Août 2023 (Infos Gabon) – En politique, les ambitions de ceux qui souhaitent l’alternance se frottent à la détermination de ceux qui veulent conserver les rênes du pouvoir : c’est celui qui met le plus de chances de son côté qui l’emporte. Rien de plus normal dans la démocratie.
Nous sommes à 24 heures de la triple élection (présidentielle, législative et locale) que le Gabon s’apprête à organiser. L’élection, dit-on, consiste à faire un choix en faveur du meilleur entre plusieurs acteurs engagés dans la compétition élective.

Etant un des piliers qui fondent la démocratie, l’élection devrait ainsi être un moment d’échange d’idées dans la joie, la tolérance, dans l’écoute de l’autre en recherchant le nec plus ultra de différentes offres politiques, au terme duquel le meilleur de tous par rapport à la qualité de ses idées, son programme de société devrait l’emporter.

Pour un pays comme le Gabon qui totalise sept (7) joutes présidentielles, celle de 2023 étant la septième (7), les choses devraient aller comme sur des roulettes. Vu que l’expérience rend sage. Mais hélas !

A l’étonnement général, à la place d’un calme mêlé de sérénité ou d’expression de libertés démocratiques constitutionnellement reconnues à tous, l’on assiste plutôt à un spectacle de psychose générale sur la cité digne d’un film d’horreur qui suscite curiosité et moult interrogations.

Haro à la politique de la terre brûlée

De quoi nous faire comprendre en réalité que de 1990 (année de retour au multipartisme) à nos jours, si l’on peut reconnaitre au pays le mérite d’avoir organisé plusieurs cycles électoraux, il semble bien que les mentalités n’ont pas évolué significativement ni chez les acteurs politiques ni au sein des populations.

Par la faute de qui ? A qui incombe les missions de former, transformer, formater et sortir les populations de l’idée de la guerre à celle de simple adversité le temps des élections ?

Qui se cacherait derrière et à qui profite le climat de tension, d’invectives ou de menaces ? Quelles sont les motivations réelles de la part des auteurs d’une stratégie de chaos aussi funeste ?

C’est ici l’occasion d’épingler le rôle des partis politiques et de leurs leaders. Assument-ils leur devoir de formation vis-à-vis de leurs militants de base pour les édifier sur les fondamentaux de la politique ?

C’est à eux qu’appartient en effet la mission de dire aux militants quel est le principal objectif d’un parti politique : tout faire pour arracher le pouvoir ou tout faire pour le conserver, c’est pile ou face et c’est selon.

Que si le droit à l’alternance est reconnu aux uns, refuser aux autres le droit de conserver le pouvoir est un acte liberticide et un déni de démocratie inadmissible entre les citoyens d’un même pays. Le droit des uns s’arrête là où commence celui des autres.

C’est également au sein de partis politiques que les militants devraient apprendre que dans le jeu démocratique, c’est la règle de la majorité qui l’emporte au détriment de la minorité qui ne mérite pas moins d’être protégée.

L’alternance coûte que coûte ou la perpétuation sans mérite sont mutuellement liberticides

A cet égard et au demeurant, même en plein ou dans le système démocratique le plus avancé, comme par ironie du sort, la perpétuation d’un même régime à la faveur de plusieurs cycles électoraux est dans l’ordre du possible en l’absence de toute tricherie.

Tout en acceptant l’alternance comme une facette de la démocratie, rien ni aucune règle n’établit ni n’impose formellement la dictature de l’alternance sur la victoire répétitive du même camp si tant est qu’il est vrai que ce dernier s’avère une machine redoutable sur le terrain et s’en donne les moyens et les stratégies.

Que les acteurs politiques de tous bords ne se trompent pas de cible. Que les uns et les autres se mettent à la hauteur et dans une dimension citoyenne et d’hommes d’Etat pour livrer le bon discours à leurs militants.

Le jeu des chaises musicales auquel on assiste ailleurs dans les vieilles démocraties n’est pas fortuit. Le passage de témoin entre les Républicains et les Démocrates aux USA ou entre la Gauche et la Droite avec alliés en France par exemple ne relève pas d’une génération spontanée.

Il est du devoir des leaders politiques de donner le bon narratif, de sortir des œillères et ne pas laisser croire aux populations le mythe d’un homme providentiel capable de parvenir à la haute magistrature à la faveur d’un coup de baguette magique.

La victoire à une élection au sommet de l’Etat, c’est une vaste machine. C’est une question de temps, de moyens, de maturation, des hommes qui travaillent autour, de l’adhésion populaire, de l’engagement massif des citoyens, de l’élaboration d’un programme ou d’offre politique sérieuse et surtout de stratégies.

De l’avis d’un analyste et universitaire : « Sauf situation exceptionnelle, l’être humain est par nature conservateur, il trouve souvent refuge dans ses habitudes et ses repères traditionnels. Et en politique, il préfère un régime imparfait mais perfectible à un saut dans le néant ».

Dans ces conditions, il va falloir bien plus que le seul label de « candidat consensuel » choisi par une franche de l’opposition pour tirer son épingle du jeu face au champion d’un parti bien enraciné ayant des militants jusque dans les coins et les recoins du territoire, insiste un autre universitaire.
N’en déplaise à certains, au soir du 26 août, bien plus que les invectives et menaces de tous genres, c’est le candidat, la formation politique, les militants et la machine la plus rodée qui en sortiront vainqueurs.

Au sortir de ces joutes électorales, que les uns cultivent la dignité dans la défaite et que les autres hument l’humilité dans la victoire. Au final, c’est le Gabon connu à l’échelle mondiale comme un bastion de paix et son peuple qui en sortiront grandis.

FIN/INFOSGABON/SM/2023

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