Faillite annoncée du Gabon : derrière la polémique, les faits
Libreville, Lundi 17 Novembre 2025 (Infos Gabon) – La publication récente d’un article de Bloomberg affirmant que le Gabon se trouverait au bord de la faillite a ravivé les débats sur la situation financière du pays. Mais au-delà du retentissement médiatique, une question essentielle s’impose : cette analyse reflète-t-elle réellement la dynamique économique actuelle du pays ?
À Libreville, les autorités dénoncent une lecture biaisée, fondée davantage sur des interprétations hâtives que sur une observation rigoureuse des indicateurs.
Quand la souveraineté économique dérange
Depuis le début de la Transition, les autorités gabonaises ont opté pour une posture claire : réhabilitation des finances publiques, transparence budgétaire et rupture avec certaines pratiques du passé, notamment la dépendance aux agences de notation internationales.
Le gouvernement ne les finance plus, refuse les arrangements implicites qui prévalaient auparavant, et rejette toute pression extérieure visant à influencer sa politique budgétaire. Une décision qui, si elle renforce l’indépendance du pays, semble également froisser des acteurs internationaux habitués à des relations plus dociles.
Mais ce choix souverain ne saurait être confondu avec un affaiblissement économique. Et c’est là que le débat s’ouvre.
1 450 milliards remboursés : les chiffres contredisent la panique médiatique
Contrairement à ce qu’insinue Bloomberg, le Gabon n’a accusé aucun défaut de paiement depuis le début de la Transition. Les chiffres officiels sont, à cet égard, sans équivoque : 1 450 milliards de FCFA réglés en 14 mois ; aucun retard enregistré ; aucune restructuration demandée ; aucun signal de surendettement transmis aux institutions financières multilatérales.
Dans un contexte africain où de nombreux pays négocient des rééchelonnements ou traversent des crises de liquidité, le Gabon fait figure de bon élève. Le pays est aujourd’hui l’un des plus disciplinés du continent en matière de service de la dette.
Dès lors, comment expliquer que l’on évoque une faillite imminente ? Pour Libreville, il s’agit d’une surinterprétation médiatique qui ne résiste pas à la confrontation avec les données.
Un pays qui investit ne peut être déclaré en faillite
Un argument central est également ignoré par l’analyse de Bloomberg : l’ampleur et la simultanéité des investissements publics lancés sur le territoire.
Malgré les contraintes héritées de l’ancien système, des hôpitaux sont en réhabilitation ou en construction, plusieurs écoles et campus universitaires voient leurs capacités renforcées, des routes nationales et urbaines sont réaménagées, des équipements publics et touristiques sont financés, des logements sociaux sont réhabilités et des chantiers d’envergure structurent la stratégie économique du pays.
Les États en faillite n’investissent pas. Ils coupent, réduisent, gèlent. Le Gabon, lui, déploie, réforme et construit, ce qui constitue l’indicateur le plus palpable de sa résilience.
Le FMI valide la trajectoire financière du Gabon
Un autre élément majeur est soigneusement passé sous silence : la récente mission du Fonds monétaire international à Libreville. Les experts du FMI ont salué un certain nombre d’éléments. Il s’agit de la rigueur de la gestion budgétaire, la transparence accrue dans la lecture de la dette, la crédibilité des engagements financiers, la solidité de la trajectoire macroéconomique.
Le Gabon n’a pas demandé d’aide financière. Seulement une assistance technique, ce qui, dans les standards internationaux, n’a rien à voir avec un signal de détresse économique. Il est donc difficile de concilier cette appréciation positive d’un organisme multilatéral réputé pour sa rigueur avec les conclusions alarmistes de Bloomberg.
Les propres graphiques de Bloomberg contredisent Bloomberg
Plus étonnant encore, les graphiques publiés dans l’article indiquent une nette amélioration des indicateurs de risque attribués au Gabon dès octobre. Le pays y apparaît mieux noté que plusieurs économies comparées, stabilisé sur le plan obligataire et en voie de renforcement de ses fondamentaux.
Un paradoxe saisissant : les données citées invalident les conclusions formulées. D’où la question que plusieurs économistes se posent : la narration n’a-t-elle pas été écrite avant l’analyse ?
Une rupture avec l’ancien système : la fin du financement des notations complaisantes
Pour comprendre ce qui se joue réellement, il faut revenir sur un point crucial : l’ancien régime privilégiait le financement des agences de notation au détriment du service de la dette. La logique était simple : obtenir de bonnes notes, quitte à payer pour cela, même si l’État accusait des retards de paiement ailleurs. Cette méthode a été stoppée net.
Désormais, on rembourse la dette en priorité, on ne finance plus les intermédiaires, on exige une transparence totale, on refuse toute complaisance dans la notation. Cette inflexion dérange, car elle rompt avec des pratiques établies depuis plus de deux décennies.
Un pays en reconstruction, pas en faillite
Au-delà du tumulte médiatique, les faits s’imposent. Le Gabon honore ses engagements, restructure sa gouvernance, modernise ses finances publiques, lance des investissements majeurs, et affirme une souveraineté économique assumée.
Les cris d’alarme contrastent avec les signaux macroéconomiques.
Ils reflètent davantage un agacement devant un pays qui refuse de payer pour être bien noté, qu’une réalité financière objective.
Le Gabon n’est pas en faillite. Il est en reconstruction. Et, loin du bruit extérieur, il avance.
FIN/INFOSGABON/SO/2025
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