G20 en Afrique : Pretoria défie les incertitudes américaines et affirme sa souveraineté
Libreville, Vendredi 21 Novembre 2025 (Infos Gabon) – À quelques heures de l’ouverture du sommet du G20 à Johannesburg, le premier jamais organisé sur le sol africain, une déclaration du président sud-africain Cyril Ramaphosa a suffi à faire trembler les couloirs diplomatiques : les États-Unis « reconsidèrent » leur participation.
L’annonce, faite avec calme mais sans ambiguïté, a transformé ce qui s’annonçait comme un sommet historique en une scène révélatrice des tensions et des rapports de force qui redessinent aujourd’hui la géopolitique mondiale.
Loin d’être un simple ajustement protocolaire, la sortie de Cyril Ramaphosa expose un basculement majeur : l’Afrique n’entend plus être spectatrice dans la gouvernance mondiale, elle exige désormais d’en être l’un des centres de gravité.
Une déclaration mesurée, mais un message clair : l’Afrique du Sud refuse la tutelle
Lors de son point de presse, Cyril Ramaphosa a confirmé que Washington hésite encore sur la forme de sa participation au sommet. La déclaration pourrait sembler anodine. Elle ne l’est pas.
En choisissant de rendre publique cette incertitude, Pretoria envoie un signal limpide : l’Afrique du Sud n’est plus disposée à laisser les grandes puissances définir seules le tempo diplomatique. Loin de rechercher un appui ou une validation occidentale, le gouvernement sud-africain renverse la logique habituelle : ce n’est plus l’Afrique qui attend la décision de l’Occident, mais l’Amérique qui doit clarifier la sienne.
Cette posture reflète une évolution profonde : Pretoria s’affirme comme une puissance régionale, membre des BRICS et interlocuteur autonome dans un monde réorganisé autour de nouveaux pôles d’influence.
Washington face à une Afrique du Sud désinhibée
L’incertitude de la participation américaine n’est pas un détail logistique. Elle révèle un malaise stratégique. Depuis des décennies, les États-Unis ont exercé une influence structurante sur les grandes instances économiques et sécuritaires mondiales : le FMI, la Banque mondiale, l’OTAN, ou encore l’OMC.
Or, depuis plusieurs années, Pretoria s’émancipe. Elle discute directement avec Moscou, Pékin, New Delhi ou Brasilia. Elle développe de nouveaux corridors diplomatiques, de nouvelles alliances, et surtout, elle affirme sa volonté de défendre ses intérêts en dehors des schémas établis.
Le G20 de Johannesburg est donc devenu un test. Un miroir où Washington doit accepter, ou non, de s’asseoir à une table où sa voix n’est plus systématiquement dominante.
Un sommet qui symbolise la bascule vers un monde multipolaire
L’organisation du G20 en Afrique du Sud n’est pas qu’un symbole ; c’est une déclaration politique. Pour la première fois, le continent accueille l’un des plus importants rendez-vous économiques de la planète. Ce contexte confère une portée particulière aux hésitations américaines.
Le sommet devient une arène géopolitique où s’opposent deux visions du monde. D’un côté, une vision ancienne, portée par les puissances occidentales, fondée sur un ordre international centralisé et hiérarchisé, et de l’autre, une vision nouvelle, portée par les pays du Sud et les puissances émergentes, qui réclament un partage plus équitable du pouvoir mondial.
L’Afrique du Sud, en assumant sa souveraineté et en refusant les pressions, apparaît comme l’un des porte-étendards de ce changement de paradigme.
Pretoria s’affiche comme un leader du Sud global
La diplomatie sud-africaine n’est pas dans la confrontation frontale ; elle est dans la fermeté calme. Elle revendique le droit, celui de diversifier ses alliances, de dialoguer avec tous les blocs, de défendre ses positions sans s’aligner mécaniquement, et de porter les revendications du continent africain.
Au cœur des discussions du G20 figurent des enjeux vitaux tels que le changement climatique, la réforme du système financier international, la dette africaine, la sécurité alimentaire, l’accès équitable aux technologies, et la place même du continent dans les institutions globales.
Sur chacun de ces sujets, Pretoria entend parler d’égal à égal, en partenaire, pas en subordonné.
Une diplomatie souveraine, mais pas sans risques
Une telle posture peut heurter. Les pressions diplomatiques, économiques et stratégiques pourraient s’intensifier. L’Afrique du Sud le sait : affirmer sa souveraineté expose à des tentatives d’influence et de déstabilisation.
Mais Pretoria a choisi une voie : celle d’un leadership africain assumé. Elle sait pouvoir compter sur certains piliers, à l’instar de l’appui des BRICS, le soutien de nombreux pays africains, et une opinion publique continentale de plus en plus sensible à la notion de souveraineté.
Un sommet appelé à marquer un tournant historique
Au-delà des incertitudes américaines, Johannesburg s’apprête à devenir un lieu de bascule. Le G20 version 2025, pour la première fois africain, pourrait rester dans les mémoires comme le sommet où : l’Afrique a cessé d’être spectatrice des décisions mondiales ; le Sud global a revendiqué sa place ; et l’ordre international a entamé sa recomposition.
Quoi qu’il advienne de la participation américaine, une réalité s’impose : Pretoria a montré qu’elle n’attend plus les puissances occidentales pour définir sa position. Elle impose son cadre, son rythme et ses règles. Dans un système mondial en plein repositionnement, l’Afrique du Sud s’affirme, sans ambiguïté, comme l’un des nouveaux centres de gravité de la diplomatie internationale.
FIN/INFOSGABON/SO/2025
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