Environnement

Gabon – Conflit homme-faune : Oligui Nguema pose les jalons d’une écologie humaine et équitable

Libreville, Mardi 30 Décembre 2025 (Infos Gabon) – Face à la recrudescence des conflits entre populations et faune sauvage, le Président de la République a instruit le ministre de la Justice de recenser l’ensemble des personnes condamnées dans ce cadre. Une démarche inédite qui traduit la volonté du Chef de l’État de réconcilier protection de la biodiversité, justice sociale et dignité humaine.

Le Gabon s’apprête-t-il à tourner une page dans sa politique environnementale ? Lundi, le Président de la République, Brice Clotaire Oligui Nguema, a donné une instruction forte au ministre de la Justice, Garde des Sceaux : procéder à un recensement exhaustif des personnes condamnées dans le cadre du conflit homme-faune. Une décision lourde de sens, qui ouvre la voie à une réponse exceptionnelle de l’État.

Réconcilier écologie et réalités humaines

Selon le Chef de l’État, la situation appelle une approche équilibrée, capable de concilier l’impératif de protection de la biodiversité avec les réalités sociales, humaines et économiques vécues par les populations rurales. Trop souvent, ces communautés vivent sous la menace permanente des animaux sauvages, subissant pertes humaines, destructions de cultures et insécurité chronique.

Le Président a insisté pour que cette réflexion débouche sur des décisions « fortes », fondées sur l’humanité, la justice et l’équité, en tenant compte des situations de vulnérabilité extrême auxquelles sont confrontées certaines populations.

Une cohérence avec la déclaration de la Lopé

Cette instruction s’inscrit dans la continuité du message délivré récemment par le Chef de l’État lors de sa visite dans le département de la Lopé. À cette occasion, Brice Clotaire Oligui Nguema avait clairement affirmé sa vision : placer la dignité humaine au cœur des politiques publiques, y compris en matière environnementale.

Par cette prise de position à forte portée politique et sociale, le Président pose les bases d’une nouvelle approche : une écologie responsable, certes, mais profondément ancrée dans la réalité du terrain et le vécu quotidien des citoyens.

La situation alarmante des écogardes

Au cœur de cette réflexion, le Président a dressé un constat sans détour : la précarité des écogardes est devenue inacceptable. Ces femmes et ces hommes, en première ligne dans la protection du patrimoine naturel gabonais, exercent parfois leurs missions durant plusieurs mois sans percevoir de salaire.

Une situation que le Chef de l’État refuse désormais de tolérer. « L’humain est et restera au cœur de mon action », a-t-il affirmé, instruisant le gouvernement d’examiner l’intégration des écogardes à la fonction publique. Objectif : sécuriser leur statut, garantir des revenus réguliers et reconnaître leur engagement au service de la Nation.

Les populations rurales au centre du débat

Au-delà des agents de conservation, la réflexion présidentielle s’étend aux populations rurales, premières victimes des conflits homme-faune. Attaques mortelles, champs ravagés par les éléphants, villages sous pression permanente : autant de drames longtemps relégués au second plan au nom d’une protection environnementale parfois perçue comme déconnectée du vécu des citoyens.

Dans un propos sans ambiguïté, le Président tranche : la préservation de la biodiversité ne peut se faire au prix de vies humaines. Il a ainsi exigé le renforcement des barrières électriques, une régulation plus adaptée des espèces à risque et une réflexion approfondie sur l’évolution du cadre juridique, notamment dans les situations relevant de la légitime défense.

Un débat inédit sur la viande de brousse

Dans cette logique d’équilibre assumé, Brice Clotaire Oligui Nguema a également ouvert un débat longtemps considéré comme tabou : celui de la commercialisation encadrée de la viande de buffle, très demandée par les populations.

Le Chef de l’État souhaite une réflexion rigoureuse, respectueuse de l’environnement et des équilibres écologiques, mais reconnaît la nécessité de tenir compte des réalités alimentaires, culturelles et économiques des communautés rurales. Une approche qui rompt avec une politique exclusivement punitive.

Vers une nouvelle doctrine environnementale

À travers cette série de décisions et d’orientations, le Président de la République ébauche une nouvelle doctrine environnementale gabonaise : protectrice de la nature, mais lucide, humaine et souveraine. Une écologie qui refuse d’opposer l’homme à l’animal, et qui replace la justice sociale, la sécurité et la dignité au cœur de l’action publique.

Un tournant majeur qui pourrait redéfinir durablement les relations entre l’État, les populations et l’environnement au Gabon.

FIN/INFOSGABON/SO/2025

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