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Gabon – France : L’appel à la justice et à la responsabilité face à un blocage administratif qui menace un doctorant en plein cri d’alerte

Libreville, Mercredi 10 décembre 2025 (Infos Gabon) – À cinq jours de la soutenance de sa thèse à l’Université Grenoble Alpes, Freddy Koula Moussavou, doctorant gabonais en sciences de l’information et de la communication, ne sait toujours pas s’il pourra être présent physiquement en France.

Une situation qui commence à résonner jusqu’aux portes de la préfecture de l’Isère à Grenoble et risque de créer un malaise dont Paris se serait bien passé.

Son message, relayé massivement depuis Libreville, prend aujourd’hui la forme d’un SOS adressé directement aux autorités françaises : « Je demande simplement à pouvoir défendre mon travail devant mon jury, dans mon université. »

Un parcours d’excellence académique stoppé par un blocage administratif

Après plus de six années d’études en France, Freddy Koula Moussavou est rentré au Gabon avec sa famille pour y poursuivre sa carrière. Son titre de séjour ayant expiré en janvier 2025, il a suivi la voie classique : demander un visa court séjour pour revenir soutenir sa thèse. Première surprise : refus. On lui indique alors de déposer la demande d’un visa “retour”, une procédure encadrée par la préfecture de l’Isère.

Et c’est là que tout s’enraye. Le Consulat de France à Libreville confirme qu’il attend l’avis de la préfecture. La préfecture, de son côté, rappelle que ce type de dossier peut prendre « au moins deux mois ».

Résultat : à cinq jours de la soutenance prévue le 15 décembre 2025, le dossier demeure « en traitement ». Sans visibilité, sans réponse, sans solution.

Ses billets sont réservés. Le jury convoqué. L’avis de soutenance publié. Seul manque le visa qui dépend d’un simple avis administratif.

« Une lenteur administrative peut détruire plusieurs années de travail »

Dans un message devenu viral, le doctorant pose une série de questions dérangeantes pour l’administration française : Les nouvelles politiques migratoires touchent-elles désormais aussi les doctorants qui ne viennent que quelques jours défendre leur thèse ? La France peut-elle prôner une coopération universitaire équilibrée tout en laissant un doctorant étranger bloqué à 6 000 km de son jury ? Une préfecture peut-elle ignorer l’urgence évidente d’un dossier aussi sensible ?

Au cœur de ce récit, un élément troublant : le sujet même de sa thèse. « Les enjeux économiques, sociaux et culturels liés au développement du football à la télévision : le cas de Canal+ au Gabon. »

Un sujet d’actualité brûlante alors que la planète se prépare à deux événements majeurs : La CAN 2025, qui s’ouvre dans quelques jours au Maroc, et la Coupe du Monde 2026, qui se tiendra aux États-Unis, au Canada et au Mexique.

Un travail scientifique parfaitement dans le tempo des débats médiatiques, économiques et géopolitiques autour du sport mondial.

Un dossier qui embarrasse désormais jusqu’à Paris

L’affaire dépasse désormais le simple parcours individuel : elle devient un cas emblématique de la relation Franco-Africaine version 2025, celle que Paris affirme vouloir refonder sur la « réciprocité » et le « respect mutuel ». Sauf qu’ici, le symbole joue contre la France.

Un doctorant gabonais, formé en France, qui a investi plusieurs années et plusieurs milliers d’euros dans son parcours, se retrouve empêché d’accéder à son propre jury pour une simple absence d’avis administratif.

Et voilà comment un dossier que le préfet de l’Isère aurait pu régler « en un coup d’œil », selon plusieurs enseignants-chercheurs grenoblois, se retrouve médiatisé sur deux continents.

Un rappel utile : traiter une urgence administrative est un acte politique

Cette affaire met aussi en lumière une réalité méconnue : certaines préfectures ne disposent pas de procédures d’urgence pour les cas académiques critiques, contrairement à d’autres pays européens.

Pourtant, la solution existe et ne demande aucune réforme. Il suffit juste de faire un traitement prioritaire, un échange direct avec l’université, une vérification accélérée, et une transmission immédiate de l’avis au consulat. Cinq étapes. Une journée de travail. Pas deux mois.

La France peut-elle se permettre un incident pour ce genre de sujet ?

L’affaire Koula Moussavou intervient au moment où la France multiplie les messages d’ouverture envers l’Afrique : discours du président Macron sur la « jeunesse africaine » ; soutien renouvelé à la coopération scientifique France–Gabon ; volonté affichée de faciliter la mobilité universitaire.

Laisser un doctorant africain échouer à soutenir sa thèse pour une simple lenteur administrative serait, de l’avis de plusieurs diplomates, un très mauvais signal. Pour l’Université Grenoble Alpes, qui ambitionne d’être un pôle international d’excellence, ce serait également un revers d’image.

Un appel respectueux, mais ferme, aux autorités françaises

Dans son message, Freddy Koula Moussavou ne demande ni passe-droit, ni traitement de faveur : « Je demande seulement à pouvoir défendre mon travail. »

Son cas interpelle : La Préfecture de l’Isère, dont l’avis bloque toute la procédure ; Le Consulat de France à Libreville, qui ne peut agir sans cet avis ; L’Ambassade de France au Gabon, garante de la coopération académique ; Campus France, qui a pour mission de faciliter la mobilité étudiante ; Les autorités gabonaises, qui peuvent légitimement demander des explications.

La balle est désormais dans le camp de la France

L’enjeu dépasse le cas individuel : il dit quelque chose de la manière dont la France traite ses étudiants étrangers, ses doctorants internationaux et, plus largement, ses partenariats universitaires en Afrique.

Entre lenteur administrative, incompréhensions institutionnelles et risque de mauvaise presse, chacun semble avoir intérêt à ce que ce dossier soit résolu avant vendredi.

La France veut bâtir une coopération renouvelée avec l’Afrique ?
Alors voici un test grandeur nature. Un test simple. Un test à hauteur humaine. Un doctorant. Une thèse. Un visa.

Et la possibilité, ou non, de montrer que les grandes déclarations politiques peuvent aussi devenir des gestes concrets.

FIN/INFOSGABON/SO/2025

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