Gabon – France : le coup de rein diplomatique de Macron à Libreville relance l’axe historique et ouvre une nouvelle ère
Libreville, Mercredi 26 Novembre 2025 (Infos Gabon) – Au moment où l’influence française semblait vaciller sur le continent africain, Emmanuel Macron a choisi Libreville pour frapper fort. Durant sa visite d’État les 23 et 24 novembre 2025, le président français a misé sur le Gabon post-transition pour ouvrir un nouveau chapitre, fondé, dit-il, sur le respect mutuel, la souveraineté et un partenariat « gagnant-gagnant ».
Un message qui résonne avec force dans un pays qui vient de clore plus de vingt mois de transition politique, marqués par une série d’échéances majeures : dialogue national inclusif, référendum constitutionnel, réforme électorale, puis élections générales confirmant Brice Clotaire Oligui Nguema premier président de la Vème République gabonaise.
Devant la presse, le président Macron n’a pas seulement salué la stabilité retrouvée du pays. Il l’a brandi en exemple africain, un cas d’école de transition pacifique respectant l’échéancier fixé, une rareté en Afrique centrale.
« Je cite le Gabon partout où des pays traversent des phases de rupture. Vous avez tenu parole et respecté toutes les étapes annoncées », a-t-il martelé, en référence directe au 30 août 2023, point de bascule de l’histoire politique gabonaise.
Libreville, scène de relance stratégique
Accueilli à l’aéroport Léon-Mba puis reçu au Palais Rénovation, le chef de l’État français a déroulé un programme dense : échange avec les opérateurs économiques, déclaration commune suivi d’un dîner d’État, visites de chantiers et rencontres culturelles et environnementales.
Face aux dirigeants gabonais et aux investisseurs français, Emmanuel Macron a assumé clairement son cap : refonder la relation franco-africaine, sortir du modèle extractif, soutenir la transformation locale des matières premières, notamment le manganèse, et participer au financement d’infrastructures structurantes. Eau, gestion des déchets, chemin de fer, énergie, modernisation industrielle… autant de chantiers « à accélérer ».
« On doit rompre avec l’Afrique simple pourvoyeuse de ressources », a affirmé le président français. Un appel qui fait écho à l’agenda économique d’Oligui Nguema, axé sur la valorisation locale, la création d’emplois, l’industrialisation et l’émergence d’un marché intérieur compétitif.
Une diplomatie appuyée sur la sécurité et les forêts du Bassin du Congo
Si l’économie domine les échanges, un autre pilier de coopération s’affirme : la défense et la sécurité maritime dans le Golfe de Guinée. Le président Macron l’a rappelé : la coopération militaire franco-gabonaise a été entièrement repensée. Formations croisées, exercices conjoints, programmes d’équipement et montée en compétence des forces armées gabonaises marquent « une nouvelle philosophie » qui se veut plus équilibrée, plus respectueuse.
L’environnement, enfin, reste un terrain d’alliance prioritaire. Emmanuel Macron a réaffirmé le rôle pivot du Gabon dans la préservation des forêts du Bassin du Congo, qui constitue le deuxième poumon écologique de la planète, et annoncé la mobilisation complète des 60 millions d’euros du mécanisme de conversion de dettes pour la gestion durable des écosystèmes forestiers et le développement de la filière bois-forêt.
À la Baie-des-Rois, les deux chefs d’État ont clôturé une table ronde sur la protection des forêts tropicales, dans un format réunissant experts, ONG, bailleurs et acteurs publics.
« La vraie richesse du Gabon, c’est sa jeunesse »
Devant les artistes et étudiants de l’Institut français rénové, Emmanuel Macron a voulu placer l’humain au centre de son discours : « La jeunesse, les femmes, les créateurs : voilà la force du Gabon. Nous serons à vos côtés pour nourrir ce potentiel. »
Au-delà des mots, la coopération éducative franco-gabonaise repose sur un volet palpable : plus de 5 700 étudiants gabonais poursuivent actuellement un cursus universitaire en France, sans compter les programmes d’accompagnement de Campus France, l’ouverture culturelle et les échanges artistiques, que Paris souhaite intensifier.
Une séquence diplomatique remarquée
Le séjour gabonais s’est achevé lundi 24 novembre, avant que le président français ne rejoigne Luanda pour le Sommet UA–UE, où il a retrouvé Oligui Nguema dans un autre cadre de gouvernance multilatérale.
Mais de Libreville, un message est parti. Une équation nouvelle se dessine : un Gabon redevenu stable, souverain, institutionnellement assis, et une France revigorée, cherchant à reconquérir son influence par le respect, l’investissement, la culture et l’environnement.
Une page s’est tournée, peut-être même un cycle.
FIN/INFOSGABON/SO/2025
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