Gabon : le SNEC-UOB dépose un préavis de grève de huit jours

Libreville, Jeudi 9 octobre 2025 (Infos Gabon) – À l’Université Omar Bongo (UOB), le climat social se tend de nouveau. Le Syndicat national des enseignants-chercheurs et chercheurs (SNEC-UOB) a annoncé, mardi 7 octobre, le dépôt d’un préavis de grève de huit jours, à l’issue de son assemblée générale de rentrée syndicale.
En cause : des retards de paiement, des décisions jugées unilatérales et une gestion budgétaire qualifiée d’opaque par le corps enseignant.
Lors d’une conférence de presse tenue le même jour, le président du syndicat, Mathurin Ovono Ébè, a dénoncé une série de manquements affectant la bonne marche de l’université. Six points principaux ont été examinés lors de l’assemblée du 6 octobre : la dette pédagogique 2022-2023, l’exécution du budget 2025, l’introduction de nouveaux logiciels de gestion académique, l’application des mesures sur les maintiens en activité, la régularisation des carrières des enseignants et les conditions matérielles de fonctionnement du campus.
Selon le SNEC-UOB, seuls 150 millions de francs CFA sur les 715 millions prévus pour la dette pédagogique ont été effectivement réglés, soit à peine 20 % du montant total. Le syndicat réclame un calendrier précis pour le paiement du solde, estimé à 565 millions de francs CFA. Par ailleurs, l’université n’aurait pas encore atteint la moitié de l’exécution de son budget 2025, évalué à près de 4 milliards de francs CFA.
Le syndicat fustige aussi l’introduction des logiciels DUAUX et EASY-LMD pour la gestion des notes, qu’il juge imposée sans concertation. Ces plateformes, respectivement hébergées aux États-Unis et au Bénin, présenteraient, selon lui, plusieurs dysfonctionnements entraînant des retards dans la délivrance des relevés de notes et autres documents administratifs.
Autre sujet de crispation : l’arrêt des maintiens en activité décidé par le Conseil des ministres du 8 septembre. Le SNEC-UOB estime que cette mesure, appliquée sans distinction, risque d’appauvrir le potentiel académique des universités gabonaises. Le syndicat invoque le décret n°866/PR/MES/MFP de 1981, qui autorise le maintien des enseignants jusqu’à 70 ans, et rappelle l’engagement du président de la République, pris le 2 mars dernier, de prolonger automatiquement de trois ans la carrière des enseignants-chercheurs de rang magistral.
Le SNEC-UOB déplore également la non-régularisation des carrières de plusieurs enseignants, dont François Moudouma Ngoma et Vincent Essono, en attente depuis plus d’une décennie malgré des décisions de justice favorables.
À ces revendications s’ajoute la crise des infrastructures : avec environ 9 000 places disponibles pour plus de 20 000 étudiants en 2024-2025, l’UOB peine à absorber l’afflux croissant de nouveaux bacheliers. Le syndicat plaide pour un plan d’urgence de construction et de réhabilitation, ainsi qu’une amélioration des services d’eau et d’électricité.
Enfin, le SNEC-UOB critique la mesure imposant le paiement par virement bancaire des montants supérieurs à 500 000 FCFA, jugée inadaptée pour les enseignants missionnaires. Il appelle aussi à l’ouverture d’un compte bancaire commercial au nom de l’université afin de mieux gérer ses fonds propres et attirer des financements extérieurs.
Face à l’accumulation des tensions, le syndicat affirme vouloir maintenir la voie du dialogue, tout en prévenant que la grève sera effective si aucune réponse concrète n’est apportée d’ici à la fin du préavis. « Nous resterons vigilants et mobilisés pour le respect des engagements pris par les autorités et la défense des conditions de travail des enseignants-chercheurs », a déclaré Mathurin Ovono Ébè, en conclusion de son intervention.
FIN/INFOSGABON/SO/2025
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