Economie

Gabon : un budget médical stable en 2026, mais un système sous pression croissante

Libreville, Vendredi 21 Novembre 2025 (Infos Gabon) – Le Projet de Loi de Finances (PLF) pour 2026, présenté récemment par les autorités gabonaises, confirme une réalité paradoxale : les recettes issues des frais médicaux restent stables, autour de 38 milliards de FCFA, mais les besoins du système de santé continuent, eux, de croître à un rythme soutenu.

Une stabilité qui rassure sur la prévisibilité des ressources publiques, mais qui met aussi en lumière l’ampleur des défis auxquels le pays fait face pour moderniser ses infrastructures sanitaires et améliorer l’accès aux soins.

Une enveloppe stable, mais insuffisante face à l’ampleur des besoins

Pour l’année 2026, les projections financières du secteur font apparaître une répartition relativement classique des recettes, avec une concentration majeure autour des structures hospitalières les plus sollicitées. Le Centre Hospitalier Universitaire (CHU) demeure le principal bénéficiaire, avec des recettes estimées à 10,2 milliards de FCFA. Une preuve, s’il en fallait encore, du rôle central que joue cette institution dans l’offre de soins au niveau national.

Les Centres Hospitaliers Régionaux (CHR), maillon indispensable de la décentralisation sanitaire, mobilisent 5,58 milliards de FCFA. Plusieurs autres centres hospitaliers spécialisés, comprenant notamment des services techniques et des structures dédiées aux pathologies spécifiques, totalisent 5,5 milliards de FCFA.

Les établissements privés et spécialisés, comme Nkembo, le Centre National de Transfusion Sanguine (CNTS), Egypto, le Centre National d’Hygiène (CNH) ou encore Gahouma, contribuent à hauteur de 6,57 milliards de FCFA. L’Office Pharmaceutique National (OPN), pilier incontournable de la distribution et de la régulation du médicament, génère pour sa part 2,5 milliards de FCFA.

Les centres hospitaliers de Libreville, dont l’Hôpital d’Instruction Omar Bongo Ondimba (HIOBO), le Centre Mère et Enfant ou Amissa Bongo, concentrent à eux seuls près de 7,29 milliards FCFA, preuve d’une fréquentation massive et d’un rôle crucial dans la capitale.

Enfin, les centres de santé primaires, indispensables pour les populations éloignées des grandes structures, ne mobilisent que 220 millions de FCFA, tandis que l’Agence du Médicament dispose d’un budget de 562 millions FCFA, révélant un déséquilibre persistant entre missions et moyens disponibles.

Une stabilité rassurante en apparence

Si les recettes demeurent stables par rapport à 2025, cette absence de variation en dit autant qu’elle ne masque. D’un côté, elle traduit une maîtrise des flux financiers et une capacité du gouvernement à maintenir le cap dans un contexte économique encore fragile. De l’autre, elle souligne un problème structurel : les besoins des populations augmentent, mais les ressources, elles, stagnent.

Cette situation pose une équation complexe pour les autorités sanitaires. Car stabiliser le budget ne suffit plus lorsque les infrastructures vieillissent, que le personnel médical réclame davantage de moyens et que les avancées technologiques imposent des investissements réguliers.

Un système à bout de souffle face aux attentes

Le ministère de la Santé se retrouve ainsi face à une double mission : préserver l’équilibre budgétaire tout en répondant à une demande de soins en constante augmentation. Le défi est d’autant plus grand que plusieurs chantiers majeurs attendent encore des solutions concrètes.

On peut citer la modernisation des plateaux techniques, la construction ou réhabilitation de structures en régions et le renforcement de la formation du personnel soignant.

Anticipation et gestion des crises sanitaires

Lutte contre la corruption et optimisation des dépenses. À ces défis s’ajoutent des inégalités territoriales persistantes. Dans certaines localités, accéder à un médecin, à un laboratoire ou à un service d’urgence demeure un parcours du combattant.

Le besoin urgent d’un nouveau souffle. Dans ce contexte, la stabilité des recettes médicales apparaît davantage comme un signal d’alerte que comme un motif de satisfaction. Elle rappelle la nécessité pour le pays d’engager une transformation profonde de son système de santé, basée sur des investissements ciblés, une meilleure gouvernance et une stratégie sanitaire capable de réduire les inégalités.

Pour nombre d’experts, l’enjeu n’est pas seulement financier : il est structurel, organisationnel et humain. Le Gabon dispose d’un socle budgétaire constant, mais il doit maintenant prouver sa capacité à convertir cette stabilité en résultats concrets et visibles pour la population.

Un secteur à un tournant décisif

En définitive, si le PLF 2026 montre une constance budgétaire appréciable, il souligne surtout que le véritable défi se situe ailleurs : dans la capacité du pays à optimiser l’usage de ses ressources et à repenser son modèle sanitaire. Le système de santé gabonais se trouve aujourd’hui à la croisée des chemins.

Sa résilience dépendra moins des recettes qu’il parvient à sécuriser que de la manière dont il saura transformer ces fonds en une amélioration réelle du quotidien des Gabonais. Une transformation devenue, pour beaucoup, non seulement nécessaire, mais urgente.

FIN/INFOSGABON/SO/2025

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