Union africaine : le Gabon vise un siège stratégique au Conseil de paix et de sécurité
Libreville, Vendredi 21 Novembre 2025 (Infos Gabon) – Le Gabon poursuit sa montée en puissance diplomatique sur la scène continentale. Libreville a officiellement déposé sa candidature pour siéger au Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’Union africaine (UA) pour un mandat de deux ans, une initiative qui traduit l’ambition du pays de jouer un rôle accru dans la gestion des crises africaines et la consolidation de la stabilité régionale.
Fruit d’un consensus régional et porté par une stratégie africaine plus affirmée, ce positionnement marque une nouvelle étape dans le retour en force du Gabon au sein des institutions continentales, un an après avoir accueilli plusieurs missions d’évaluation cruciales.
Une candidature portée par un consensus régional
Avant d’être annoncée, la candidature gabonaise a été discutée puis validée lors des consultations des pays d’Afrique centrale. Ces concertations ont rappelé l’importance du principe de rotation géographique, qui garantit une représentation équilibrée au sein du CPS.
Libreville a bénéficié d’un soutien notable de ses voisins, avec qui un accord a été trouvé afin d’assurer une alternance harmonieuse au sein de l’organe sécuritaire.
L’élection aura lieu en février 2026, lors de la session ordinaire du Conseil exécutif de l’UA. En cas de succès, le Gabon réintégrerait l’un des organes les plus stratégiques de la gouvernance africaine.
Le CPS, pilier sécuritaire du continent
Créé en 2004, le Conseil de paix et de sécurité est l’équivalent, à l’échelle africaine, du Conseil de sécurité des Nations unies. Il dispose de prérogatives étendues telles que la prévention et règlement des conflits, la médiation, les sanctions en cas de rupture de l’ordre constitutionnel, l’autorisation de missions de paix et la supervision de la reconstruction post‐conflit.
Le CPS joue un rôle central dans les situations de crise : du Sahel à la Corne de l’Afrique, en passant par l’Afrique centrale, ses décisions influencent durablement la stabilité du continent.
En septembre 2024, l’organe a d’ailleurs dépêché une mission d’évaluation au Gabon, saluant la volonté du pays de renforcer ses institutions et de s’impliquer davantage dans la prévention des conflits régionaux. Un signal qui a certainement conforté Libreville dans sa décision de se porter candidat.
Un positionnement qui s’inscrit dans la longue tradition diplomatique gabonaise
Depuis plusieurs décennies, le Gabon s’est forgé une réputation de pays modérateur et de médiateur, privilégiant la diplomatie douce et le dialogue. Cette doctrine, amorcée sous le président Omar Bongo Ondimba, a longtemps fait du pays un carrefour diplomatique dans la sous-région.
En briguant un siège au CPS, Libreville cherche à renouer avec cette tradition, tout en s’adaptant aux nouveaux défis sécuritaires africains dont la montée du terrorisme, les coups d’État récurrents, les tensions frontalières, la transition politique de certains États membres, et les enjeux climatiques exacerbant les crises humanitaires.
L’objectif est clair : porter une voix africaine responsable, crédible et constructive au sein d’un organe stratégique.
Un enjeu géostratégique aux dimensions internationales
Si le CPS est une institution continentale, son importance dépasse largement le cadre africain. Les débats et décisions de l’organe sont suivis de près par plusieurs puissances et partenaires internationaux. Il s’agit des pays tels que les Émirats arabes unis, le Qatar, la France, les États-Unis, la Turquie et la Chine.
Pour ces Etats, le CPS constitue un espace clé pour comprendre les dynamiques sécuritaires africaines, mais aussi pour orienter les coopérations futures dans des domaines sensibles : lutte contre le terrorisme, investissements sécuritaires, maintien de la paix, ou encore gestion des ressources stratégiques.
Pour le Gabon, ce siège représenterait une plateforme d’influence unique, permettant à la fois de renforcer ses alliances, d’orienter les débats et de défendre ses priorités dans un environnement géopolitique en pleine recomposition.
Un signal fort envoyé au continent
En déposant sa candidature, le Gabon affirme sa volonté de jouer un rôle moteur dans la stabilité africaine. Ce positionnement intervient dans un contexte mondial marqué par une montée des tensions régionales, une redéfinition des alliances et un besoin croissant de mécanismes africains de résolution de crises.
Libreville ne dissimule pas ses ambitions de renforcer sa visibilité diplomatique, consolider son rôle de médiateur, participer activement à la construction d’un continent plus souverain, et peser davantage dans les décisions sécuritaires continentales.
Au-delà d’une simple place dans une institution de l’UA, il s’agit d’un engagement dans une vision : celle d’un continent qui prend en charge sa propre stabilité et affirme sa capacité à réguler ses crises.
Au final, une ambition qui dépasse l’enjeu institutionnel
La candidature du Gabon au Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine illustre un mouvement plus large : celui d’un pays qui entend redevenir un acteur diplomatique majeur en Afrique centrale et sur l’ensemble du continent.
Avec cette initiative, Libreville se positionne à la croisée de la géopolitique, de la sécurité et de la coopération internationale, tout en réaffirmant son attachement à une Afrique unie, souveraine et capable de répondre elle-même à ses défis.
Le rendez-vous de février 2026 sera déterminant. Mais, déjà, le Gabon a envoyé un message clair : il est prêt à assumer des responsabilités plus grandes dans la gouvernance africaine.
FIN/INFOSGABON/SO/2025
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