Gabon – Afrique – Penser avant de croire : l’arme invisible contre la désinformation
Libreville, Jeudi 6vembre 2025 (Infos Gabon) – Dans un monde saturé d’images, de vidéos et de messages instantanés, la vérité n’a jamais été aussi menacée. Chaque jour, sur nos écrans, défilent des rumeurs, des montages, des déclarations sorties de leur contexte, et des affirmations sans fondement qui, pourtant, font le tour des réseaux sociaux en quelques minutes.
Le Gabon n’échappe pas à ce phénomène mondial. Et comme ailleurs en Afrique, la question des fake news, ces fausses nouvelles qui manipulent, déforment et divisent, s’impose désormais comme un enjeu de société, un défi moral et une bataille pour l’intelligence collective.
Mais au-delà des outils technologiques capables de détecter les contenus truqués, le vrai combat se joue ailleurs : dans l’esprit humain. Dans la capacité de chacun, quel que soit son âge, son métier ou son statut social, à penser avant de croire. Car la première arme contre la désinformation, ce n’est pas la machine. C’est la conscience.
Descartes au secours du XXIe siècle
En 1637, le philosophe et mathématicien René Descartes publiait Le Discours de la Méthode. Il y posait une exigence simple, mais universelle : celle du doute. « Je pense, donc je suis », écrivait-il. Par cette phrase fondatrice, il affirmait que la vérité n’existe que par la réflexion, que toute certitude doit passer par le filtre du raisonnement.
Descartes proposait quatre règles pour parvenir à la vérité. D’abord, ne jamais accepter une chose pour vraie sans preuve évidente. C’est la règle du discernement, celle qui demande de s’arrêter avant de partager une information, de s’interroger sur sa source, son auteur, sa cohérence.
Ensuite, diviser chaque problème en plusieurs parties, pour en comprendre les causes, les nuances, les implications. C’est la méthode de l’analyse. Puis, conduire ses pensées des objets les plus simples aux plus complexes : partir du concret, du vérifiable, pour monter vers l’abstrait.
Enfin, revoir ses raisonnements pour s’assurer de n’avoir rien oublié. Une leçon d’humilité intellectuelle, à l’heure où les réseaux récompensent la rapidité plus que la véracité.
Ces principes vieux de près de quatre siècles trouvent aujourd’hui une résonance étonnante. Dans un monde où l’instantanéité dicte la pensée, le doute méthodique de Descartes redevient un acte de résistance.
Une responsabilité collective
Le danger des fake news n’est pas seulement dans le mensonge : il est dans la vitesse. Une rumeur bien formulée se propage plus vite qu’une vérité vérifiée. Et lorsqu’elle touche à l’émotion, à la peur, à la colère ou à la foi, elle devient presque impossible à rattraper.
C’est pourquoi la lutte contre la désinformation ne peut être laissée aux seules institutions. Elle doit devenir un devoir citoyen, une discipline quotidienne. Chacun, parent, enseignant, élève, journaliste, responsable politique ou simple utilisateur de smartphone, doit se souvenir que partager, c’est parfois tromper.
Les jeunes, particulièrement exposés à la viralité des contenus, doivent apprendre à douter avant de cliquer, à interroger les sources avant de relayer. Les travailleurs, les intellectuels, les croyants, les dirigeants : tous doivent retrouver le réflexe de la pensée critique.
Le Gabon et l’Afrique à la croisée des chemins
Au Gabon comme ailleurs sur le continent, les fausses nouvelles menacent la cohésion sociale, la stabilité politique et même la santé publique. Elles alimentent la méfiance, exacerbent les divisions et affaiblissent le lien entre les citoyens et les institutions.
Pourtant, l’Afrique a aussi une tradition millénaire du dialogue et du discernement. Autrefois, la parole d’un ancien ou d’un sage n’était pas reprise sans débat collectif. On écoutait, on questionnait, on vérifiait. Aujourd’hui, la sagesse doit changer de visage : elle doit devenir numérique, critique, éclairée.
L’enjeu dépasse donc la simple vérification de faits. Il s’agit de restaurer une culture de la vérité, de réapprendre à questionner ce que l’on voit, ce que l’on lit et ce que l’on croit. Car le mensonge n’a de pouvoir que sur les esprits distraits.
La victoire de la conscience
Certes, les gouvernements peuvent renforcer les lois, les plateformes peuvent développer des algorithmes de détection, et la justice peut sanctionner les auteurs de désinformation. Mais tant que les citoyens eux-mêmes ne choisiront pas la rigueur intellectuelle, les fake news continueront de prospérer.
Le philosophe français avait raison : la vérité n’est pas un héritage, c’est une conquête. Chacun, par un effort de réflexion personnelle, peut devenir un rempart contre la manipulation. Quand les créateurs de fausses nouvelles comprendront que la société a appris à penser par elle-même, ils passeront à autre chose.
Et alors, oui, la vérité triomphera, non pas par la force des interdictions, mais par la lumière de l’intelligence.
FIN/INFOSGABON/SO/2025
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