Actualité : Bilie By Nze fait le point

Libreville, Vendredi 27 Décembre 2019 (Infos Gabon) – Le ministre gabonais des Affaires étrangères jette un regard panoramique sur l’avenir du CFA, l’opération Scorpion en cours au Gabon et de la nomination de Noureddin Bongo Valentin au poste de coordinateur général des affaires présidentielles.
Franc CFA : une discussion avec la France s’impose
Dans un entretien accordé à Radio France internationale (RFI), le ministre gabonais des Affaires étrangères donne son avis sur les mutations en cours franc CFA. Notamment le passage annoncé à l’Eco dans les huit pays CFA d’Afrique de l’Ouest.
«C’est une évolution positive qui de toute façon met la pression aux pays d’Afrique centrale qui devront eux aussi accélérer puisqu’à l’issue du dernier sommet de la CEMAC à Yaoundé [en novembre dernier], il a été décidé de réfléchir à une réforme en profondeur du franc CFA. Je crois que la réflexion va s’accélérer pour arriver très rapidement à une décision», a déclaré Alain-Claude Bilie-By-Nze.
«Sur la réforme, le franc CFA de toute façon ne peut plus aujourd’hui être une question idéologique. C’est une question technique et économique. Est-ce que nous avons aujourd’hui une monnaie qui reflète nos économies ? Est-ce que nous avons une monnaie qui aide à « booster » nos exportations? Est-ce que nous avons une monnaie qui va garantir demain que nous pourrions aller sur les marchés internationaux? Ce sont des réflexions, il nous faut des réponses très rapidement», a-t-il poursuivi.
A la question de savoir si l’Afrique centrale dispose déjà des réserves financières assez suffisantes pour pouvoir rompre le cordon ombilical avec le trésor français, il se veut rassurant même s’il y a encore beaucoup d’efforts à fournir.
«Le sommet de Yaoundé [de novembre dernier] a également fait le point sur cette question. Les économies ont reconstitué des réserves. Évidement nous ne sommes pas encore au niveau qu’il y avait avant la crise que vous évoquez. Il faut continuer à travailler pour reconstituer ces réserves. Naturellement, c’est pour cela que nous disons en Afrique centrale que les économies sont différentes. Les économies en Afrique centrale ne sont pas les mêmes qu’en Afrique de l’ouest, nous sommes extrêmement dépendants des exportations de matières premières brutes», souligne-t-il.
Mais, il pense qu’une réforme profonde du franc CFA nécessite un échange avec la France. «Nous avons besoin d’une discussion franche, honnête, équitable avec l’État français sur la question des réserves. Faut-il toutes les rapatrier pour être malheureusement exposé aux flux du marché ? Ou faut-il tout de même discuter pour avoir un minimum reconnu qui pourra nous aider à maintenir nos exportations ? Ce sont des questions techniques qui doivent être réglées. Sur ce sujet, il ne faut pas faire d’idéologie», poursuit-il.
Opération Scorpion : force à la loi
Quant à la reprise en cours de la lutte contre la corruption marquée par l’interpellation de nombreuses hautes personnalités, Alain-Claude Bilie-By-Nze tient à préciser qu’il s’agit tout simplement d’une opération visant tout simplement à assainir la gestion de la fortune publique. Loin d’une épuration politique, encore moins une chasse aux sorcières comme pourraient bien le prétendre certains.
«Ce que cela dit surtout, c’est que nul n’est au-dessus de la loi et que finalement, chacun de nous devra, à un moment ou à un autre, répondre de sa gestion», déclare le ministre des Affaires étrangères.
Concernant la récente tournée nationale de Brice Laccruche Alihanga, il souligne que celle-ci s’est avéré être plus tard une campagne de marketing personnelle plutôt qu’une tournée républicaine initiée par Ali Bongo Ondimba.
«C’est une tournée qu’il avait engagée en indiquant qu’il était porteur d’un message du chef de l’État. On s’est rendu compte finalement, au vue de la tournure des événements, qu’il n’en était rien. Au vu des décisions qui ont été prises par le chef de l’État par la suite, il semble en effet que c’était de sa propre initiative et c’est bien dommage», a-t-il lancé.
Une déclaration qui a suscité des réactions sur la toile. Les gabonais s’interrogent non seulement sur l’accueil que Alain-Claude Bilie By Nze et les autres cadres de Makokou avaient réservé à Brice Laccruche Alihanga dans la province de l’Ogooué-Ivindo, mais aussi sur la présence du président de la République au stade de Nzeng Ayong pour la cloture de cette tournée.
Nomination de Noureddin Bongo Valentin : pas de monarchisation au Gabon
Alors que beaucoup voient en la nomination de Noureddin Bongo Valentin au poste de Coordinateur général des affaires présidentielles une volonté de monarchisation au Gabon, Alain-Claude Bilie-By-Nze balaie d’un revers de la main cette opinion.
«Encore une fois, cette fonction a déjà existé au Gabon, elle a été occupée par Monsieur Jean-Pierre Lemboumba, par Monsieur Jean Rémy Pendy Bouyiki et l’on n’a pas parlé de monarchisation à l’époque. Vous savez, c’est un concept qui ici est utilisé par l’opposition pour faire oublier un peu qu’elle est devenue en réalité une fabrique à polémique plutôt qu’une fabrique à projet», lance-t-il.
«Ce n’est pas la première fois que quelqu’un de la famille Bongo est appelé à de hautes fonctions. Madame Pascaline Bongo avait été directrice de cabinet. Monsieur Ali Bongo avait été ministre. Les fils et gendres de Monsieur Omar Bongo ont été eux-mêmes ministres. On n’en a jamais parlé. Il n’était pas question à l’époque de monarchisation. Pour le moment, c’est un haut fonctionnaire et c’est au pied du mur que l’on jugera le maçon», tranche-t-il.
Quid de son jeune âge pour un poste aussi stratégique? «Si mes souvenirs sont exacts, Fabius était Premier ministre à 37 ans en France : c’était très jeune», fait-il observer.
Sur une éventuelle dynastie Bongo qui prend corps au grand dam de l’image du pays, pour Alain-Claude Bilie By Nze, il n’en est rien.
«Il n’y a pas de dynastie Bongo, vous insistez sur cette question. Monsieur Noureddin Bongo n’occupe pas une fonction qui permettrait demain une dévolution du pouvoir. La Constitution gabonaise est très claire, si demain le chef de l’État n’était plus en capacité d’exercer ses fonctions, on ouvrirait une procédure qui conduirait à une élection présidentielle anticipée. Monsieur Noureddin Bongo n’hériterait pas du pouvoir», précise l’orateur.
Un an après l’AVC qui l’a frappé, il tient à rassurer que le président Ali Bongo Ondimba «est complètement en capacité d’exercer ses fonctions. Il les exerce. Il a repris son activité diplomatique internationale comme vous avez pu le constater».
FIN/INFOSGABON/SM/2019
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