”Appeler à une candidature unique de l’opposition à quelques jours du vote me semble incertain”, Jean Romain Fanguinoveny.

Libreville, Mercredi 23 Août 2023 (Infos Gabon) – Le Professeur Albert Ondo Ossa a été désigné par le regroupement politique Alternance 2O23 comme candidat consensuel à l’élection présidentielle du 26 Août 2023. Si ce choix a suscité des ralliements, plusieurs voix se lèvent également contre cette désignation qui ne mobilise pas toute l’opposition gabonaise. C’est le cas du président du Parti du Peuple Gabonais (PPG). Candidat à cette élection présidentielle, Jean Romain Fanguinoveny dit ne pas se reconnaitre dans ce choix et maintien sa candidature. Il donne les raisons dans cette Interview qu’il a accordée à Infos Gabon (infosgabon.com).

Infos Gabon : Que pensez-vous du choix porté sur le Pr Albert Ondo Ossa pour être le candidat consensuel de l’opposition ?

Jean Romain Fanguinoveny : Il faut dire que cette candidature appelle à plusieurs lectures. Dans un premier temps, tout regroupement est toujours une bonne chose, mais dommage que cette décision soit prise aussi tare. Si elle avait été mise en place avant le démarrage de la campagne électorale, elle aurait séduit plusieurs candidats. Au delà, elle devait être l’organisation générale des camps politiques. Voilà pourquoi je pense qu’appeler à une candidature unique de l’opposition à quelques jours du vote me semble incertain.

Ailleurs on a dans ce cas de figure le principe des primaires. Si des primaires de l’opposition avaient été organisées de manière à ce que tous ceux qui ont l’ambition se manifestent et en sortir un candidat consensuel, oui. Malheureusement ce que nous constatons pour le regretter, les gens se réunissent par affinité des groupes d’amis tel que la coalition Alternance 2023 qui a choisi leur ami Pr Albert Ondo Ossa, un autre PG41. Et pire encore, vous avez des personnes qui se disent être de l’opposition mais soutiennent la candidature d’Ali Bongo Omdimba, la bande du M30.
Tout ceci dans quel but ? Le bon sens et l’honnêteté intellectuelle voudraient qu’ils repartent clairement dans la majorité en jouant pleinement leur rôle, parce que cette manière de faire ne donne aucune crédibilité et embrouille notre électorat.

Infos Gabon : Au regard de ce précède, pouvons-nous parler d’une opposition gabonaise, des oppositions gabonaises ou juste d’une opposition à Ali Bongo Ondimba ?

Jean Romain Fanguinoveny : A Mon avis il y a plusieurs oppositions, et cela se voit sur le terrain. Je prend le cas du candidat consensuel Albert Ondo Ossa. En regardant le regroupement Alternance 23, ils sont tous des anciens ministres du PDG ayant travaillé avec les Bongo, comparativement à moi qui, durant des années, ai été derrière un leader charismatique, feu Pierre Mamboudou. Toutes ces personnes étaient en face de nous. Aujourd’hui certes, ils sont dans l’opposition, mais je ne crois pas qu’ils puissent apporter l’alternative, pour avoir été au PDG (le parti au pouvoir, ndlr), donc solidaires et comptables de la situation que nous décrions tous.
Je n’attend pas grand chose d’eux et je pense que les gabonais qui ne veulent plus des anciens barons du système me feront confiance, nous avons l’impression que tous les déçus du PDG trouvent refuge dans l’opposition.

Infos Gabon : Vous dites ne pas vous réconnaitre dans le choix de la candidature consensuelle d’Alternance 2023, ce qui veut dire que vous maintenez votre candidature à l’élection présidentielle ?

Jean Romain Fanguinoveny : Tout à fait, comme énoncé plus haut, nous qui sommes les conservateurs de l’opposition depuis 1990. Je n’ai jamais collaboré avec le pouvoir et avec moi vous avez plusieurs qui sont dans cette même posture dans la vraie opposition. Aujourd’hui, nous observons qu’un certain nombre de transhumanises politiques venus du PDG convergent dans les rangs de l’opposition en étouffant et se permettent de jouer les premiers rôles. Il est vrai que l’on dit que le combat est titanesque et toutes les forces sont les bienvenues, mais penser qu’ils ont la solution pour le changement et le développent de ce pays, je ne crois pas.

Infos Gabon : Vous, élu president de la République au soir du 26 Août prochain, à quoi les gabonais vont s’attendre concrètement ?

Jean Romain Fanguinoveny : Nous avons un pays, lorsque nous regardons notre PIB (Produit Intérieur Brut, ndlr), il y a des écarts, c’est pourquoi je propose sur le plan social d’augmenter le montant de l’allocation familiale de 8 000 FCFA à 25 000 par mois, contrairement à ce qui est offert actuellement de 8 000 FCFA par trimestre, c’est-à-dire 3 000 FCFA par mois, ce que je trouve humiliant pour nos familles et c’est faisable, donner 25 000 francs.

Aussi, comme deuxième mesure que je prendrai, c’est d’octroyer un revenu de 50 000 francs au chef de famille. Ces personnes qui ont la charge des enfants, à coté de ça, j’accorderai une place de choix aux personnes âgées, en mettant un accompagnement de 50 000 francs par mois pour leur permettre de retrouver leur dignité, car nombreux sont des indigents.

Pour palier et réduire le taux de chômage (33%) des jeunes, une bourse de 50 000 francs sera offerte à tous les jeunes en quête d’emploi, à condition qu’ils s’inscrivent au pôle national de l’emploi pour apprendre un métier. Et enfin, je propose la fusion de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) et la Caisse nationale d’assurance maladie et de garantie sociale (CNAMGS).

Infos Gabon : Pour boucler cette interview, avez-vous autre chose à ajouter que nous n’avons pas abordé dans le cadre ces élections générales au vu des messages de haine qui sont véhiculés ?

Jean Romain Fanguinoveny : Nos familles se connaissent et nous n’avons pas besoin de nous chiffonner. C’est pour cela que j’ai proposé dans le cadre de l’initiative politique, la mise en place d’une commission vérité et réconciliation. Et je me réjoui de voir que beaucoup après moi ont soutenu cette idée. Cette commission d’apaisement aura pour objectif d’indemniser les parents des victimes, des personnes disparues lors des manifestations post-électorales. Il faut dire que de 1993 à 2016, après chaque élection, il y a toujours eu des morts et les parents souffrent.

FIN/INFOSGABON/SM/2023

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