Société

Gabon : Bientôt une cérémonie en mémoire de la prise de Mayumba par le commandant Parant des FFL

Libreville, 24 octobre 2010 (Infos Gabon) – L’Association Mayumba 2010 organise dans les tout prochains jours une cérémonie en mémoire de la prise de Mayumba (Sud-ouest) par le Commandant Parant des Forces Françaises Libres (FFL), le 16 Septembre 1940.

C’est une façon de participer aux commémorations du soixante dixième anniversaire du ralliement du Gabon aux FFL du général De Gaulle et des toutes les opérations militaires qu’elles que soient, qui ont découlé directement ou indirectement, dans la conquête du

Gabon par ces forces.

Il sied de noter que tout est parti de l’annulation le 30 août 1940 de la déclaration d’approuver le ralliement du Tchad, du Cameroun, du Moyen-Congo, et de l’Oubangui-Chari par le Gouverneur du Gabon, Masson.

Cet acte serait à la base d’une opération militaire décidée par les Alliés qui ne reconnaissaient d’autre autorité que celle du Maréchal Pétain, représenté en Afrique Noire par le Haut-Commissaire

Boisson.

Plusieurs sources indiquent que la raison de cette dissidence est qu’un sous-marin français était arrivé entre temps à Libreville et que son commandant avait exigé du faible Gouverneur, sous la menace, de revenir sur sa décision. De Gaulle, dans un télégramme du 6 novembre, adressé à la France Libre, donne des détails sur les opérations militaires en ces termes :

« …Renforts nombreux en marins de guerre à Libreville et Port-Gentil. Général d’armée Têtu, nommé par Vichy Gouverneur général de l’Afrique Equatoriale, envoyé au Gabon avec des officiers sûrs. Mobilisation de tous les Européens et d’un grand nombre d’indigènes. Arrestations en masse des partisans de la France Libre. Propagande acharnée, subventions, menaces, promesses… »

Indiquons que trois semaines ont suffi pour voir se détacher de Libreville par des voies pacifiques tous les départements de la périphérie du Gabon qui était réduit à la moitié de son territoire, avec Libreville et Port-Gentil et le cours inférieur de l’Ogooué.

Deux colonnes, l’une partant du Cameroun (colonne du commandant Leclerc), l’autre de Pointe-Noire (colonne du commandant Parant), furent mises en marche à travers le Gabon. La première occupa d’abord Oyem (nord), dont la garnison rallia, la seconde, Mayumba, puis Sindara.

Ces succès amenèrent le ralliement de la plus grande partie du Gabon. Vers la fin d’octobre, les Forces Françaises Libres commencèrent une pression vigoureuse en prenant Mitzig (nord) le 30 octobre, après résistance, Lalara le 1er novembre, N’djolé le 2 novembre, et les colonnes du Gabon et du Congo firent leur jonction devant Lambaréné qui était très fortement tenu. L’adversaire se trouvait retranché dans une île de l’Ogooué très facile à défendre. Après avoir encerclé Lambaréné, par une série d’opérations très pénibles, les troupes françaises libres commencèrent le siège avant la prise de la ville le 5 novembre.

Au départ, il faut dire que les Forces Françaises Libres avaient des difficultés énormes à surmonter au Gabon. Mais tout en gardant un espoir, elles ont fini par changer la donne.

C’est ainsi que le 8 novembre, Libreville, après un raid d’aviation, est tombée sous les coups conjugués des colonnes Parant et Leclerc. La lutte fut assez vive, particulièrement pour la conquête de l’aérodrome, et il y eut des pertes dans les deux camps, sur terre et sur mer.

Le lieutenant-colonel Parant, qui a trouvé la mort dans un accident d’aviation, le 7 février 1941, fut désigné par De Gaulle pour le représenter au Gabon, lequel venait compléter l’Afrique Equatoriale Française Libre.  

La conquête de Mayumba racontée par un Gabonais, lauréat d’un « concours de nouvelles »

Il y a une trentaine d’années, le Centre Culturel Français Saint Exupéry avait organisé un concours de nouvelles. Les gagnants voyaient leur œuvre publiée dans la revue du Centre et à défaut d’autre chose, gagnaient la postérité.

L’un des lauréats, Joseph Mboukou, originaire de Mayumba, avait rédigé un texte relatant de manière personnelle et attractive ses souvenirs d’un épisode peu connu et pourtant décisif de la conquête du Gabon par les Forces Françaises Libres en 1940 : la prise de Mayumba par les éléments gaullistes venus de Pointe-Noire ; cette opération militaire audacieuse conduite par le Commandant Parant, préludait à l’attaque d’envergure qui devait aboutir à la capitulation des Forces « Vichystes » deux mois plus tard à Libreville.

Le style est fleuri, touchant, et se rapporte bien à la transmission orale de l’histoire qui trouve là, bien sûr, une forme littéraire narrative authentique.

Selon ce récit, ils n’étaient pas directement concernés par la guerre opposant « Djamne Hitler » à la coalition. Leurs maîtres, les Français, sous la conduite de leur grand chef, le « Marsal Petai » participaient à cette guerre dont les exploits d’Hitler, contés par des habiles interprètes, leur donnaient un froid cadavérique.

Depuis que le sel, leur monnaie d’échange, avait été supprimé tous les « buim » en provenance de France, ou d’autres pays d’Europe, représentaient Pétain. Ainsi, le Maréchal Pétain, sans avoir jamais mis les pieds à Mayumba était connu et respecté comme un dieu. Avec cette guerre toutefois des bruits divers courraient sur le compte du Maréchal. Les écrivains-interprètes disaient qu’il était le seul chef blanc qui tenait tête à Hitler. Au coin du feu, ils étaient certains de sa mort parce que Louembet, le cuisinier de M. Poeydomenge, le chef de Région, leur avait certifié que son patron depuis quelques jours était devenu triste comme s’il avait perdu un parent.

Un matin de 1939, le clairon du Poste sonna plus tôt que d’habitude et c’était le son du Rassemblement Général. Malgré le froid matinal de la saison sèche, personne n’hésita à quitter son lit d’autant plus qu’aux dernières nouvelles, Hitler se battait au Cameroun, c’est-à-dire à quelques semaines de marche de Mayumba.

A sept heures, tous les habitants des quartiers Bana, Kouango, Kongoyo Miyombe, Bilanga et Panga étaient rassemblés sur la place du 14 juillet 1789. La convocation verbale avait circulé avec une vitesse prodigieuse.

L’inquiétude se lisait sur toutes les faces. Personne n’osait élever la voix pour demander au voisin s’il connaissait le motif de ce rassemblement qui était habituellement réservé aux cérémonies de la fête nationale ou d’une passation de commandement entre deux Administrateurs de la France d’Outre Mer (FOM).

Un tirailleur gradé avec une voix rauque donna un ordre. Ses subordonnés, une quinzaine de chéchias rouges, s’alignèrent face au mât du drapeau, tandis que la foule jusque-là assise dans la poussière se mit debout. Le gradé inspecta son armée avec une allure si martiale que les maris dont il bafouait publiquement l’honneur ne pouvaient imaginer des projets de vengeance contre ce bras droit du Commandant Poeydomenge.

Ils ont résolu de résister héroïquement à l’envahisseur dès la première alerte pétainiste. Pour lui bloquer toute possibilité de retraite, ils ont pris soin de cacher toutes leurs pirogues en face de Mbila-Koumbi, entre les racines inextricables des palétuviers.

Rappelons que Mayumba est une bande de terre d’à peine un kilomètre de large, encaissée entre l’Océan et l’énorme lagune Bagni avec quelques touffes d’arbres et de mangrove du côté de la lagune et une plaine plate et infinie du côté de l’Océan. L’unique crête de cette presqu’île en forme de cou de pique-bœuf est occupée par les bâtiments administratifs de sorte que, même sans jumelles, l’Administrateur pouvait, de sa terrasse, remarquer les mouvements de population des trois quarts des quartiers.

C’est dire qu’en cas de coup dur, seuls les habitants des quartiers Panga et Bilanga situés sur la partie continentale pouvaient facilement se réfugier dans l’épaisse forêt du Mayombe, les autres étant à la merci des deux eaux.

Les premiers Compagnons de l’Ordre de la Libération se sont illustrés à Mayumba

Parmi les tous premiers combattants de la France Libre nommés dans l’Ordre de la Libération figurent quatre des principaux acteurs de l’opération sur Mayumba. Il s’agit du Colonel de Laminat, nommé le 1er août 1941 ; du Commandant André Parant, nommé le 13 mai 1941 ; du Lieutenant Gaston Guigonis, nommé le 17 octobre 1942 et le Tirailleur Dominique Kosseyo, nommé le 14 juillet 1941.

En 1940, la principale raison de la création d’une nouvelle distinction par le Général De Gaulle réside alors dans les circonstances particulières dans lesquelles se situe l’action. Il s’agit en effet, de récompenser d’une manière tout à fait originale le dévouement de certains de ceux qui – si peu nombreux au départ (ils ne sont guère plus de 2 500 le 14 juillet 1940) – ont accepté de tout risquer pour participer à une aventure dont on ignorait en 1940 quel serait son aboutissement.

En octobre 1940, à Douala, au Cameroun, le Général De Gaulle, après avoir fait part au Capitaine de Vaisseau Thierry d’Argenlieu de ses intentions politiques pour organiser les territoires de l’Empire ralliés, ajoute : « Notre entreprise est hérissée de difficultés. Les Français seront lents à nous rallier…Je suis décidé à créer un insigne nouveau face à l’imprévisible conjoncture. Il récompensera ceux des nôtres qui se seront signalés dans cette haute et âpre campagne, pour la libération de la France ».

Comme le chef des Français libres ne peut décerner la Légion d’Honneur, il faut donc créer une décoration originale pour récompenser les mérites exceptionnels manifestés dans une conjoncture elle-même exceptionnelle.

L’Association Mayumba 2010, qui organise cette cérémonie en mémoire du commandant Parant, est l’œuvre des privés qui ont une volonté d’écrire et de rappeler que la mémoire des actes posés par nos armées doit rester une empreinte. Et la prise de Mayumba est encore une histoire propre au Gabon et à la France.

Ces privés, discrets, obstinés, voulant transmettre un héritage, n’ont réalisé cet ouvrage qu’avec le concours des deniers d’hommes et des femmes privés.

Nous les citerons : Pierre Duro, Le Colonel Jean Pierre Foures, Didier Lespinas, M. Maurin, M. Tripodi, etc… La liste est longue mais, le mérite leur appartient.

Signalons que le petit fils du Commandant Parant qui doit venir à cette inauguration est aujourd’hui le Conseiller aux affaires africaines du Président Nicolas Sarkozy à l’Elysée. Comme l’histoire aime bien les bonnes fins.   

La croix de Lorraine (appelée auparavant croix d’Anjou) est une croix à double traverse. En héraldique, on l’appelle croix archiépiscopale ou croix patriarcale ; elle figure dans les blasons des archevêques, et dans l’iconographie ancienne, pour signaler cette fonction.

Cette croix figurait dans la symbolique des ducs d’Anjou devenus ducs de Lorraine à partir de 1431 (René d’Anjou 1409 † 1480).

Elle doit sa forme à la croix chrétienne à laquelle on a ajouté une petite traverse supérieure représentant l’écriteau (titulus crucis) que Ponce Pilate aurait fait poser au-dessus du Christ : « Jésus de Nazareth, roi des Juifs » (INRI).

L’ossature métallique qui sera inaugurée mesure plus de 13 mètres de haut.

Par Patrick KAYE et Mathieu MOUKENDI

FIN/INFOSGABON/PK/MM/2010

Related Posts

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *