Economie

Gabon : le gouvernement ouvre un grand débat national sur la qualité des services fonciers de l’ANUTTC

Libreville, Vendredi 17 Octobre 2025 (Infos Gabon) – Face aux nombreuses plaintes des usagers sur la lenteur, la complexité et parfois l’opacité des procédures foncières, le gouvernement gabonais a décidé de prendre le taureau par les cornes. Le ministère de l’Économie et des Finances a annoncé le lancement d’une enquête nationale de satisfaction sur la qualité des services rendus par l’Agence nationale de l’urbanisme, des travaux topographiques et du cadastre (ANUTTC).

Cette initiative, pilotée par la Direction générale du contrôle budgétaire et financier (DGCBF), s’inscrit dans une démarche de transparence, d’efficacité et de redevabilité de l’action publique. Autrement dit, il s’agit d’écouter directement les citoyens et les usagers pour évaluer le fonctionnement de cette administration stratégique dans la gestion du foncier.

Une réforme sous le signe de la transparence

Lancée en application de l’article 3 du décret n°376 portant création et organisation de la DGCBF, cette consultation publique s’appuie sur plusieurs textes clés. Il s’agit notamment de la loi organique n°020/2014 relative aux lois de finances, garantissant la sincérité et la transparence budgétaire, la loi n°021/2014 sur la bonne gouvernance des finances publiques, qui impose la publicité des opérations et la participation citoyenne, ainsi que la loi n°041/2020 sur la prévention et la répression de la corruption et de l’enrichissement illicite.

Pour le ministère, ces bases juridiques rappellent un principe simple : le citoyen a droit de regard sur les services publics qu’il finance par l’impôt.

ANUTTC, promesse de modernisation ou labyrinthe administratif ?

Créée pour rationaliser la gestion du foncier et faciliter l’obtention des titres de propriété, l’ANUTTC s’était donnée pour mission de simplifier les démarches, de centraliser les procédures et de lutter contre les conflits fonciers. Mais sur le terrain, le constat est souvent tout autre : des dossiers bloqués pendant des années, des doublons dans les titres de propriété, des suspicions de favoritisme et des pratiques jugées opaques.

« J’ai déposé mon dossier depuis huit ans, et je n’ai toujours aucune nouvelle », se plaint un usager rencontré à Libreville. D’autres évoquent des frais supplémentaires non justifiés, des lenteurs administratives ou un manque d’informations sur l’avancement de leurs dossiers.

Cette enquête gouvernementale vise donc à dresser un état des lieux précis de la performance réelle de l’ANUTTC et à recueillir les attentes des citoyens en matière de qualité de service.

Confidentialité garantie et participation ouverte

Selon le communiqué officiel, les réponses seront strictement confidentielles et utilisées uniquement à des fins d’évaluation institutionnelle. L’identité des participants ne sera en aucun cas divulguée. Les usagers peuvent participer en scannant un QR code officiel ou en remplissant un formulaire en ligne sur https://okanisurvey.com, en renseignant une adresse e-mail valide.

L’objectif affiché par le ministère est clair : impliquer les citoyens dans le contrôle de l’action publique, pour renforcer la confiance entre l’État et les administrés.

Un signal politique fort

Dans un contexte où la lutte contre la vie chère et la moralisation de la gestion publique sont au cœur des priorités du gouvernement, cette initiative pourrait marquer un tournant.
L’enjeu dépasse la simple enquête : il s’agit d’un test grandeur nature de la redevabilité administrative, un exercice encore rare en Afrique centrale.

Un économiste gabonais interrogé résume ainsi : « Le foncier, c’est le cœur de la souveraineté et de la stabilité sociale. Si le gouvernement parvient à assainir ce secteur, il gagnera la confiance des citoyens là où elle s’est érodée depuis longtemps. »

Vers un nouveau contrat de confiance

En s’attaquant à l’un des services publics les plus sensibles, le ministère des Finances met la barre haut. L’initiative, saluée par plusieurs organisations de la société civile, devra désormais déboucher sur des actions concrètes : digitalisation accrue des procédures, transparence sur les délais et les coûts, et surtout, formation du personnel administratif à la relation usager.

Le gouvernement promet que les résultats de l’enquête seront publiés et débattus. Un signal rare, qui pourrait ouvrir la voie à une nouvelle ère de gouvernance participative au Gabon.

FIN/INFOSGABON/SO/2025

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