Politique

Gabon : Le sort du Sénateur entre les mains de l’assassin

Libreville, 9 janvier 2013 (Infos Gabon) – Apres avoir stigmatisé et condamné en son temps l’assassinat de la petite fillette de 12 ans victime d’un crime rituel  froidement perpétré par le sieur PAMBO MOUSSOUNDA, l’opinion nationale gabonaise devrait être certainement satisfaite de la décision du bureau de Sénat de levée l’immunité parlementaire du Sénateur de Kango Gabriel Eyeghé Ekomi ; cette décision augure en effet que justice serait rendu dans cette affaire.

Par rapport à l’opinion, la condamnation de PAMBO MOUSSOUNDA et maintenant cette décision du bureau du sénat semblent attester de ce que le Gabon a vraiment passé l’époque du parti unique ou sévissaient des rumeurs  d’enlèvements et assassinats d’enfants par des collaborateurs de hautes personnalités de l’ancien régime et la mystérieuse voiture noire à laquelle étaient attachées les histoires les plus ténébreuses dont une version est représentée dans le film gabonais « le singe fou ».

Au plan procédural, cette décision du sénat devrait être notifiée au Ministre de la justice qui la transmettra au Procureur général de la cour d’appel judiciaire de Libreville qui avait  enclencher le processus après que l’assassin eut porté des accusations publiques contre le sénateur en pleine audience publique de la session criminelle de mai-juin 2011 ; en effet les juges étaient littéralement obligés de recevoir (art. 63 du code pénal) et de tirer les conséquences de ces déclarations et de la pièce à conviction produite séance tenante par l’assassin ; à savoir, la carte de visite du sénateur de Kango.

Indiscutablement, le fait que la carte de visite du sénateur se retrouvait entre les mains de l’assassin présumait d’une correspondance ou d’une relation entre l’assassin et le sénateur ;  le code pénal parle précisément de « moyens de correspondance » dans le cadre de l’association de malfaiteur ; ce serait donc l’une des prochaines pistes d’investigations pour le procureur général et ses collaborations  ; pour ce faire il devrait rouvrir l’affaire PAMBOU MOUSSUNDA , qui normalement devrait être interrogé a nouveau.

Mais surtout, c’est le sénateur qui, au premier chef doit répondre à la convocation des agents diligentés par la parquet général de Libreville ; à l’issue de quoi des enquêtes approfondies devraient être menées en vue de regrouper les preuves.

Contre le sénateur se dresserait outre l’article 194 du code pénal sur  l’association de malfaiteurs,  les articles 49 et 49 bis sur respectivement le complice et l’instigateur d’assassinat, punis de la même peine que l’auteur du crime ; sur cette base, le sénateur encourt tout autant que l’assassin, la réclusion criminelle à perpétuité.

Cela dit, le code pénal est bien plus explicite sur la complicité que l’instigation, notamment sur le don en argent supposé remis par le sénateur à l’assassin, ainsi que la carte de visite et toute autre preuve de l’existence d’une relation entre eux correspondrait davantage à la définition de la complicité que l’instigation   !

Il est donc question pour la cour d’appel judiciaire de Libreville de faire  procéder  par les services de polices judiciaires compétents aux investigations minutieuses qui réuniraient les preuves suffisantes à l’établissement de la complicité ou l’instigation ; ou alors de constater l’innocence du sénateur.

Mais, il ressort des déclarations médiatisées de ses collègues que le sénateur avait déclaré qu’il était victime d’un coup monté et qu’il ne connaissait pas l’assassin. Et pourtant celui-ci détenait sa carte de visite, en plus qu’il ne peut  prendre le risque d’accuser un obscur inconnu qui s’extirperait facilement.

Finalement, ces éléments semblent indiquer que les deux hommes se connaissaient et avaient une relation. D’où que si le sénateur maintient sa position selon laquelle il ne connaît pas et n’a jamais eu de relation avec l’assassin, le contraire risque d’être facilement démontré par une nouvelle audition de l’assassin par les magistrats.

Ainsi, des témoignages ou relations communes aux deux hommes, des témoins de leurs rencontres, des communications téléphoniques entre les deux hommes, des photos prises ensembles et mêmes les descriptions des bureau ou domicile du sénateur par l’assassin, toutes ces choses pourraient bien démontrer qu’une relation a existé entre les deux hommes ; et la première conclusion serait que le sénateur aurait menti ; ce qui renforcerait les soupçons  sur sa culpabilité.

Mais surtout, l’assassin pourrait faire d’autres révélations accablantes sur son entente avec le sénateur, notamment, les détails sur les secrets du rite auquel il a procédé, notamment la révélation de l’identité du féticheur ou praticien du rite qui devrait à son tour révéler le degré de participation ou d’initiation du sénateur au rite ; et s’il se trouve que l’assassin est en même temps le féticheur, il lui revient alors de donner les détails sur  les organes, et autres objets et pratiques du rituel qu’il est censé avoir remis ou administré au sénateur.

Les  limites techniques ou technologiques des services d’investigations, dont notamment l’absence d’une police scientifique n’empêche donc pas l’approfondissement de l’enquête et notamment, de la déposition de l’assassin.

D’où qu’au total, c’est la déposition et les révélations anciennes et complémentaires de l’assassin qui  guideraient la réunion des preuves contre le sénateur ; autrement dit, c’est de l’exploitation par les juges des révélations de l’assassin que dépend le sort du sénateur de Kango et l’issue de ce procès.

Mais, l’autre rempart contre l’éclatement de la vérité auquel seront confrontés les juges est le secret des rites.

FIN/INFOSGABON/PK/MM/2013

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