Politique

Gabon : Pas de chance pour l’ex UN

Libreville, 4 Janvier 2013 (Infos Gabon) – Dans une interview accordée à Gabonreview.com, Eric D. Benjaminson, l’Ambassadeur des Etats-Unis au Gabon, s’est prononcé sur le cas de l’ex UN (Union Nationale, parti dissout des ex barrons du PDG).

A la question de notre confrère de savoir si les informations relayées ces derniers temps dans la presse locale sur les négociations en sourdine avec l’Ambassade des Etats-Unis, l’Ambassade de France, pour la réhabilitation de l’UN, le diplomate américain a répondu à ces termes : « Tout d’abord, j’apprécie le rôle de nos alliés français, mais ce n’est pas coordonné comme ça. Je parle avec l’Ambassadeur de France, après les réunions, pour discuter avec lui de ce que nous avons entendu, chacun, dans sa réunion. Il ne s’agit pas d’un effort pour coordonner un message. Pour répondre à la question précisément, nos efforts avec l’ex-Union nationale s’étaient faits dans le contexte de deux choses. La principale quant aux États-Unis et quant à plusieurs autres personnes au Gabon, c’est qu’il faut avoir au Gabon une opposition. Il faut avoir un pays démocratique. On ne peut pas continuer avec un parti singulier au pouvoir sans, non pas la menace, mais le défi des opposants. Et ça c’est normal. C’est ce qui est demandé par la démocratie. Dans nos conversations, pour être juste, avec votre président, il m’a dit exactement la même chose. Il faut avoir une opposition. Ça m’est égal si c’est l’UPG ou l’UFC ou l’Union nationale. C’est aux Gabonais d’en décider. Mais il faut absolument avoir une opposition active. Dans le contexte de l’Union nationale, il y a des activités qui, de temps en temps, touchent à la menace d’instabilité. C’est-à-dire ne pas être une opposition légale, et mener des activités qui ne sont pas exactement légales. Je pense, par exemple, à l’année 2011 où on était, à un moment donné, dans le PNUD pendant 30 ou 40 jours. Ce n’est pas légal. »

Et de poursuivre : « Et on avait des réunions avec eux, avec monsieur Myboto et Paul Marie Gondjout pour souligner la question de la non-violence. Parce qu’à notre analyse, il n’y a pas de raisons d’avoir une révolution violente au Gabon. Il faut avoir des changements dans la politique, il faut avoir des alternances gouvernementales, mais on ne peut pas rapprocher la situation avec la violence et notre effort, je pense que c’était également les efforts des Français, vous pouvez poser la question aux Français, était de leur souligner que vous avez un rôle sans violence, sans les appels à la violence, sans les appels aux coups d’État ou à n’importe quoi. Il faut éviter également la violence implicite dans la question du tribalisme ou ethnisme. Le Gabon a évité tous ces problèmes qui se sont passés en Côte d’Ivoire, au Mali, au Nigéria entre les Igbo, les Yoruba et les Haoussa. Pour nous, il faut éviter ces problèmes ici. Quand on parle des Fangs, des intérêts des Fangs ou des injustices contre les Fangs, je comprends la situation, mais ce n’est pas un moyen ou une piste qui va garder le pays dans la stabilité démocratique. C’était notre message et, quant à moi, j’ai aussi parlé avec le pouvoir : il faut aussi ouvrir les portes un peu pour tous les partis de l’opposition. J’espère que la petite ouverture pour la discussion autour de la Cemac a été une réaction par rapport à mes appels et ceux de l’Union Européennes et des Français. Pour la question de l’ex-Union nationale, il est important pour l’Union nationale de considérer les efforts qui ont été fait par le Gouvernement, de changer de nom ou autre et de rentrer dans la politique, même si ce n’est pas sous le nom de l’Union nationale. Quel que soit le nom, ça m’est égal. Mais il y a des opportunités et j’ai encouragé ce parti de les prendre dans le contexte où nous continuons de pousser le pouvoir de faire des ouvertures vers la démocratie ».

Après analyse de cette intervention de l’Ambassadeur, on peut retenir ceci :

Commentaires

Dans sa réponse à la question de savoir si des négociations se font en sourdine avec les Ambassades des USA et de France pour la réhabilitation de  l’Union Nationale, l’Ambassadeur des USA n’affirme rien de précis en ce sens.

Mais il informe simplement l’opinion nationale et internationale sur la position des USA, à savoir que le Gabon doit avoir une opposition et que cela est une caractéristique de la démocratie.

Et concernant l’ex Union Nationale, l’Ambassadeur affirme sans détours que les activités de ce parti « menacent de temps en temps la stabilité du pays ». Il prend pour exemple le fait que les membres de ce parti s’étaient réfugiés pendant 30 à 40 jours dans les locaux du PNUD à Libreville; il rappelle ainsi  le délit de fuite des membres de l’ex UN après qu’ils avaient été poursuivis par les forces de l’ordre pour troubles à l’ordre public et  atteintes à l’indivisibilité de l’Etat.

Cela veut donc dire que l’Ambassadeur des USA  garde de l’ex UN  l’image d’un parti politique qui menace la stabilité du pays, ce qui est une mauvaise image de ce parti vis-à-vis de l’extérieur et l’international. D’ailleurs cela expliquerait l’échec des démarches menées par les représentants à l’étranger de l’ex UN pour se donner une image de démocrates et rencontrer les autorités françaises et  des chancelleries étrangères ; ceci dans le seul but de médire sur la démocratie gabonaise et son chef de l’Etat.

Par conséquent, il est difficile de croire que l’Ambassadeur des USA  peut participer à des négociations qui viserait la réhabilitation de l’ex UN qu’il voit comme un parti qui fait courir au Gabon le risque de l’instabilité et des situations vécues en Cote d’Ivoire, au Mali et au Nigeria. Ce serait indirectement l’accuser de vouloir participer à l’instabilité du Gabon.

Les craintes de l’Ambassadeur des USA à l’endroit de l’ex UN sont si fortes qu’il a du rencontrer monsieur MYBOTO et Paul Marie GONDJOUT  sur la question de la non violence et la question des fangs car il a certainement perçu en eux les desseins ou velléités de révolution violente au Gabon ; il a ainsi demandé à ces membres de l’ex UN d’observer « les changements dans la politique » c’est-à-dire reconnaître les avancées démocratiques telles l’instauration de la biométrie, la garantie des droits et libertés ; et « les alternances gouvernementales » sous entendu, résultants d’élections libres et transparentes.

L’Ambassadeur des USA ajoute que l’ex UN doit considérer les efforts du Gouvernement lorsqu’il  a indirectement reconnu l’UFC alors même que l’ex UN qui était déjà dissoute en faisait partie ; d’après l’Ambassadeur,  ce serait pour l’ex UN une opportunité de prendre la dénomination de l’UFC. Mais on pourrait lui répliquer  que cette hypothèse serait fondamentalement illégale car l’UFC est un regroupement de plusieurs partis politiques de l’opposition légalement reconnus, ce qui n’est plus le cas de l’ex UN.

Dissout le 25 janvier 2011 par le Ministre gabonais de l’Intérieur, Jean François Ndongou, pour non respect des principes démocratiques, atteinte à la forme républicaine de l’Etat, à la souveraineté nationale et trouble à l’ordre public, suite à l’autoproclamation d’André Mba Obame comme « président du pays », suivi d’une prestation de serment au siège du parti avant de former son « gouvernement », L’Union Nationale était un parti de l’opposition tenu par les anciens hiérarques du Parti Démocratique Gabonais (PDG, au pouvoir), notamment Casimir Oyé Mba, Jean Eyeghé Ndong, André Mba Obame, Jean François Ntoutoume Ngoua. Signalons que la décision du Ministre de l’Intérieur  a été confirmée par le Conseil d’Etat le 28 juillet de la même année, qui s’est estimé que le parti « s’est rendu coauteur » ou a été « complice » d’André Mba Obame.

FIN/INFOSGABON/PK/MM/2013

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