Gabon : un vraquier chargé de 48 000 tonnes de manganèse disparaît mystérieusement du port d’Owendo
Libreville, Mardi 11 Novembre 2015 (Infos Gabon) – Une affaire rocambolesque secoue le secteur minier et maritime gabonais. Dans la nuit du 6 au 7 novembre 2025, un navire vraquier, le Jacob H, a quitté le port d’Owendo sans autorisation officielle, emportant à son bord une cargaison évaluée à 48 000 tonnes de manganèse.
Révélée par le journal Gabon D’Abord le 10 novembre, cette disparition digne d’un polar maritime soulève de graves interrogations sur la sécurité des installations portuaires et la gouvernance du commerce des minerais au Gabon.
Un départ clandestin dans la nuit
Selon les premières informations, le Jacob H, amarré depuis plusieurs jours au quai du port minéralier d’Owendo, se serait désamarré discrètement vers quatre heures du matin, avant de prendre le large sans alerte préalable. Ni les gardes portuaires ni les autorités maritimes n’auraient été informés de cette manœuvre, exécutée dans le plus grand secret.
Au petit matin, la stupeur est totale : le vraquier a disparu, laissant derrière lui un quai vide et des responsables désemparés. Les premières patrouilles de la Marine nationale, dépêchées en urgence, auraient tenté de le localiser, sans succès. Le navire aurait déjà quitté les eaux territoriales gabonaises au moment de sa détection.
Des complicités internes soupçonnées
Très vite, les soupçons se tournent vers des complicités internes. D’après Gabon D’Abord, plusieurs cadres de la Marine marchande gabonaise pourraient avoir facilité la fuite du navire, en validant de faux documents de départ ou en fermant les yeux sur la manœuvre. Un opérateur chinois est par ailleurs cité comme le cerveau présumé de l’opération. Il aurait orchestré l’exfiltration du navire et sa cargaison dans le but de contourner les circuits officiels d’exportation.
Une plainte aurait été déposée auprès de la Direction générale des recherches (DGR), tandis qu’un signalement à Interpol aurait été émis pour tenter d’intercepter le Jacob H en haute mer. Selon certaines sources, plusieurs agents d’une société opérant sur le site minéralier de Barracuda, à Owendo, auraient déjà été entendus dans le cadre de l’enquête préliminaire.
Une affaire qui embarrasse les autorités
Contactée par GabonReview, la DGR n’a ni confirmé ni infirmé l’existence d’une plainte ou des auditions en cours. L’affaire, qui ne concernerait pas Comilog, principal acteur du manganèse gabonais, met toutefois en cause le Port minéralier d’Owendo (OMP), plateforme stratégique de l’économie nationale.
Cette disparition soulève une série de questions brûlantes : comment un navire de ce tonnage a-t-il pu quitter le port sans autorisation ? Quelles failles dans la chaîne de surveillance ont permis une telle opération ? Et surtout, où se trouve aujourd’hui la cargaison ?
« Ce type d’incident est extrêmement rare et révèle un dysfonctionnement majeur », confie un expert maritime local. « Pour qu’un vraquier parte ainsi, il faut un réseau bien organisé, des complicités internes et une couverture logistique solide. »
Une atteinte à la crédibilité du dispositif portuaire
Le port d’Owendo est l’un des poumons économiques du Gabon. Il concentre une part importante des exportations minières du pays et symbolise les ambitions du gouvernement en matière de bonne gouvernance et de transparence. Cet incident survient au moment où le Gabon cherche à redorer son image internationale après plusieurs réformes visant à moderniser la gestion de ses ressources naturelles.
Entre piraterie moderne, trafic organisé et corruption, le mystère du Jacob H met à rude épreuve la crédibilité du dispositif national de surveillance maritime. Une enquête interinstitutionnelle pourrait être ouverte dans les prochains jours, impliquant la Marine nationale, la Direction générale de la documentation et de l’immigration, ainsi que le ministère des Mines et des Hydrocarbures.
Une affaire d’État en gestation
Au-delà du fait divers, cette disparition soulève un enjeu politique majeur : celui du contrôle des richesses nationales et de la sécurisation des infrastructures stratégiques. Dans un pays où le manganèse représente l’une des principales sources de revenus, la perte de 48 000 tonnes de minerai, évaluée à plusieurs milliards de francs CFA, ne peut être prise à la légère.
Alors que les autorités se murent dans un silence prudent, les Gabonais, eux, s’interrogent. L’affaire du Jacob H pourrait bien devenir l’un des plus grands scandales miniers et maritimes de ces dernières années. Un symbole troublant d’un secteur où l’ombre de la fraude semble encore difficile à dissiper.
FIN/INFOSGABON/SO/2025
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