Politique

Quoique d’imparfaite la démocratie gabonaise fonctionne mieux qu’avant

Libreville, 4 Janvier 2013 (Infos Gabon) – Parmi les points abordés dans l’interview qu’Eric D. Benjaminson, l’Ambassadeur des Etats-Unis au Gabon a accordée à notre confrère Gabonreview.com, figure le fonctionnement de la démocratie au Gabon. Le journaliste voulait savoir si la démocratie gabonaise fonctionne tout de même malgré ce qui se dit ici et là.

Pour le diplomate américain, « Elle ne fonctionne pas parfaitement, mais elle marche mieux qu’auparavant. Il y a beaucoup de discussions qui ne sont pas publiques entre les membres des partis de l’opposition. La période la plus troublée, de mon point de vue, est la période des élections législatives où il y avait un boycott par un grand nombre de partis. Pour nous, c’était  regrettable d’avoir un grand nombre de partis qui se sont désistés de l’élection. Je comprends pourquoi ils ont décidé de le faire, mais dans le sens stratégique et démocratique dans le pays, pour nous c’était regrettable. A ce moment, il y avait de grandes activités, par exemple l’UPG devait essayer de renouveler le parti pour être un parti solidaire, il y avait les grands mouvements de l’UFC, la nouvelle coalition politique. Tout cela donnait l’impression qu’il y avait une certaine vivacité dans l’opposition. Il y avait de grands problèmes entre le gouvernement et l’opposition,  il y avait des conversations officielles et privées ».

« Le problème reste entre l’Union nationale et le pouvoir. Parce que les membres de l’Union nationale, vous le savez-mieux que moi, croyaient qu’ils sont à l’extérieur de la vie politique, mais ils ont des opportunités d’y entrer. Ça reste une décision politique pour eux. Et le gouvernement a une certaine sensibilité envers l’Union nationale pour des raisons de rhétorique qui venait des deux côtés. On a conseillé le pouvoir, dans ce contexte, d’être un peu moins sensible, un peu moins soucieux quand il y a des questions de la liberté de la presse. Ça veut dire que si quelqu’un a écrit dans la presse un article qui insulte monsieur le président, c’est un morceau du boulot. Il y a aux États-Unis des gens qui insultent monsieur Obama quotidiennement, il n’y a pas de réactions officielles. Dans un contexte plus difficile, quand il y a un journal qui écrit hypothétiquement un article pour dire «c’est le temps pour l’armée de se soulever et d’attaquer le pouvoir», ça c’est un peu excessif, mais il faut une décision juridique du Gabon pour suivre les lois et répondre à ce type d’article. Ce n’est pas du journalisme que d’appeler les militaires à faire un coup d’État. C’est un appel politique, pas du journalisme… », a déclaré Eric D. Benjaminson.

Et de poursuivre : « Je suis en Afrique depuis 1982. Il y a eu, durant les trois années où j’ai travaillé au Nigéria, six coups d’état. Maintenant, de quand date le dernier coup d’État au Nigéria ?  De quand date le dernier coup d’État au Bénin au Togo ? La démocratie en Afrique et particulièrement en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale, ça bouge un peu. C’est mieux qu’il y a 30 ans. C’est évident. Il y a encore des problèmes, des frustrations, c’est vrai. Mais prenez une échelle de 30 ans et on pourra avoir une situation meilleure que maintenant ».

Vu l’importance du sujet, qui alimente souvent les débats tant au Gabon qu’à l’étranger, il y a lieu de commenter les propos du diplomate américain.

Commentaires

Les déclarations de l’Ambassadeur des USA relativement à  cette question du fonctionnement de la démocratie gabonaise en dehors du manque d’ouverture vers l’opposition sont suffisamment claire lorsqu’il affirme que quoique d’imparfaite la démocratie gabonaise fonctionne mieux qu’avant ! C’est un constat général  dont on peut se satisfaire.

L’Ambassadeur  argumente même en précisant qu’il existe des relations non publiques entre les partis de l’opposition ; qu’il y a eu l’élection législatives de 2011 que plusieurs partis de  l’opposition ont délibérément  boycottée et ce fut regrettable ; qu’avec les activités de l’UPG et de l’UFC, il y a l’impression de vivacité de l’opposition ; qu’il y a des problèmes et des conversations officielles et privées entre le gouvernement et l’opposition ; quant au problème opposant le gouvernement à l’ex UN il porte sur la dissolution de l’ex UN et l’espoir de sa réhabilitation ; enfin l’ambassadeur soulève la question de la liberté de la presse au Gabon et ses inconvénients.

En fin de compte pour conclure que les choses sont mieux qu’il y a 30 ans, l’Ambassadeur des USA compare la situation actuelle de la démocratie gabonaise à l’époque où il arrivait en Afrique en 1982,  où pendant ses trois premières années au Nigeria il y eut 6 coups d’Etat.

Néanmoins, il faut relever que c’est par le procédé des règles et mécanismes démocratiques et de l’Etat de droit que doit s’effectuer l’ouverture vers l’opposition, or en boycottant les élections législatives l’opposition s’est elle-même fermé les portes de l’ouverture politique au sein du Parlement lieu par excellence du débat politique et démocratique.

Aujourd’hui cette opposition réclame l’ouverture en étant en dehors du Parlement donc sans un  véritable poids politique ; Mais avec pour seul arme le recours à la rue et au désordre pour exercer des pressions sur le Gouvernement.

Et pourtant de l’autre coté, malgré ce manque d’ouverture vers l’opposition de la rue et du désordre, la démocratie gabonaise fonctionne telle que l’a démontré l’Ambassadeur ; on peut ainsi citer l’introduction de la biométrie qui garantie une meilleure transparente dans le processus électorale ; le fonctionnement régulier des pouvoirs de l’Etat, à savoir, l’exécutif(Président de la République, Gouvernement) , le Parlement(assemblée nationale et sénat) et le judiciaire (cours et tribunaux) ; il y a aussi le dynamisme de l’activité syndicale et des associations de défense des droits des citoyens etc. On peut aussi ajouter la volonté de promouvoir la femme et la jeunesse, des êtres faibles de la société.

Selon les spécialistes, dans son principe, la démocratie est la façon la plus séduisante d’organiser le pouvoir dans une société. Le peuple se gouverne lui-même ou par ses représentants et chacun, étant à la fois gouverné et gouvernant, apprend à tenir compte de l’intérêt général aussi bien que de ses intérêts individuels.

Autrement, la démocratie veut dire « souveraineté du peuple », « peuple » et « pouvoir », « souveraineté ». Elle est le régime politique dans lequel le peuple est souverain, le peuple renvoyant cependant à la notion plus restrictive de citoyens, la citoyenneté n’étant pas forcément donnée à toute la population.

Selon la célèbre formule d’Abraham Lincoln, le 16ème président des Etats Unis de 1860 à 1865, la démocratie est « le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple », c’est l’une des définitions canoniques couramment reprise, ainsi qu’en témoigne, par son introduction, la Constitution de 1958 de la Cinquième République française. Cette définition est proche du sens étymologique du terme démocratie, Cependant, cette définition reste susceptible d’interprétations différentes, aussi bien quant à la signification concrète de la souveraineté populaire que pour son application pratique – ce qui apparaît clairement au regard de la diversité des régimes politiques qui se sont revendiqués et qui se revendiquent comme démocratie. Ainsi, aujourd’hui encore, il n’existe pas de définition communément admise de ce qu’est ou doit être la démocratie.

De façon générale, un gouvernement est dit démocratique par opposition aux systèmes monarchiques d’une part, où le pouvoir est détenu par un seul, et d’autre part aux systèmes oligarchiques, où le pouvoir est détenu par un groupe restreint d’individus. Néanmoins, ces oppositions, héritées de la philosophie grecque, notamment de la classification d’Aristote, sont aujourd’hui équivoques de par l’existence de monarchies parlementaires. D’autre part, on peut aussi définir la démocratie par opposition à la dictature ou tyrannie, comme le propose Karl Popper, mettant ainsi l’accent sur les possibilités pour le peuple de contrôler ses dirigeants, et de les évincer sans devoir recourir à une révolution.

Par ailleurs, le terme de démocratie ne se réfère pas uniquement à des formes de gouvernements, mais peut aussi désigner une forme de société ayant pour valeur la liberté et l’égalité, c’est notamment l’usage qu’en fait Alexis de Tocqueville, qui s’attache plus aux dimensions culturelles qu’au système politique en lui-même, ou de manière plus générale encore, un ensemble de valeurs, d’idéaux et de principes politiques, sociaux ou culturels. Le terme de démocratie peut aussi servir à qualifier le fonctionnement de tout corps ou organisation sociale organisme public ou privé, associations, entreprise, le plus souvent par le biais du qualificatif de démocratique. Cela signifie alors généralement que ce fonctionnement repose sur l’égalité des membres du groupe, sur des procédures de délibérations, ou encore de votes et/ou d’élections.

Au regard de ce qui précède, il y a moyen de s’accorder avec le diplomate américain pour confirmer que la démocratie gabonaise fonctionne mieux qu’avant, même si elle est imparfaite.

FIN/INFOSGABON/PK/MM/2013

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