Accords de paix en Centrafrique pour combien de temps ?
Libreville, 14 Janvier 2013 (Infos Gabon) – Après les accords politique et de cessez-le-feu, et la déclaration de principe des parties aux négociations de Libreville sur la résolution de la crise politico-sécuritaire en république centrafricaine le 11 janvier 2013, ce questionnement s’impose à plusieurs égards, car en dépit du satisfécit qui solde ces négociations menées par les chefs d’Etat de la sous région qui ont manifesté leur solidarité, dont notamment le Président en exercice de la CEEAC, Idris Debi Itno qui a présidé cette réconciliation, l’hôte de ses pairs et leurs délégations de la sous région, le Président gabonais et président en exercice de la CEMAC, Ali Bongo Ondimba, le facilitateur chargé du suivi du dossier le Président Congolais Dénis Sassou Nguesso et le Président Equato-Guinéen Téodoro Obiang Nguéma Mbasogo.
De l’avis des observateurs, le premier motif de questionnement sur la durée de cet accord de paix est lié à l’institution d’un « gouvernement d’union nationale inclusive d’une durée de 12 mois, éventuellement renouvelable – dont le chef sera issu de l’opposition (armée et politique)» ; il semble notamment apparaitre comme une sorte d’accord « ouvert » avec cette éventualité de renouveler le gouvernement d’union nationale. L’incidence d’un éventuel renouvellement de ce gouvernement d’union nationale serait de maintenir plus longtemps l’actuelle assemblée nationale et repousser la date des élections législatives prévues à l’issue de la transition de 12 mois.
Cela aurait comme conséquence d’exacerber les attentes et ambitions des rebelles et opposants dont la position de force sur le terrain a suscité ces négociations et les rennes du gouvernement. Ainsi, atermoyer leur accession au pouvoir législatif serait perçu comme un ralentissement de leur accession à la tété d’un autre pouvoir de l’Etat, alors qu’ils avaient quasiment déjà obtenu tout le pouvoir par les armes.
Cependant, au regard de l’exemple de la Cote d’Ivoire, le fait que la rébellion a accédé au gouvernement d’union nationale n’a pas amené les rebelles à abandonner sitôt leurs positions fortes dans les zones conquises par les armes ; la conséquence en est la partition du pays jusqu’à la tenue des élections.
Il est donc à craindre qu’il n’y ait eu accords de paix que de pure façade ; quand on aura observé qu’en général, dans ce genre de cas de figure de gouvernement d’union national éventuellement renouvelable, le chef de l’Etat , détenteur suprême du pouvoir réglementaire et qui répond de plusieurs partis politiques ; pourrait avoir beau jeu à vouloir rallonger la durée de la transition, afin de s’aider le plus longtemps possible de sa majorité à l’assemblée nationale législative ; par ailleurs il tenterait de gagner du temps pour assouplir les meneurs de la rébellion et de l’opposition en poste au gouvernement et redéployer la force publique régulière dans les zones sous le contrôle des rebelles.
D’où qu’on peut supputer que le chef de l’Etat centrafricain François Bozizé et ses alliés ont très certainement œuvré pour l’inclusion de l’éventualité du renouvellement du gouvernement d’union nationale.
Par conséquent, le danger serait donc que malgré la constitution du gouvernement d’union nationale, le chef de l’Etat veuille maintenir et se servir de son actuelle majorité à l’assemblée nationale ajoutée à son pouvoir réglementaire, pour réduire la portée de l’action du gouvernement d’union nationale dirigé par l’opposition ; le sentiment de blocage institutionnel qui en résulterait pourrait amener à la longue à la reprise des hostilités.
Il y semble ainsi en revanche préférable pour tous les protagonistes centrafricains des accords de Libreville, de respecter la durée de la transition et d’organiser au plutôt les élections législatives incluant les partis au pouvoir, ceux de l’opposition et les rebelles.
Affaire à suivre…
FIN/INFOSGABON/PK/MM/2013
© Copyright Infos Gabon