« Aujourd’hui, le ministre du budget n’est plus le seul ordonnateur de crédit », Yvon Mombo
Libreville, Samedi 2 Novembre 2019 (Infos Gabon) – Le ministère du budget a organisé les 28 et 29 octobre derniers un séminaire de formation à l’endroit des journalistes sur les notions budgétaires. Yvon Mombo, chef de service étude et synthèse à la direction de la préparation et de la programmation budgétaire, revient sur certains termes techniques pas très connus du public.
Infos Gabon : Les questions budgétaires sont parfois des thématiques pas très connues du grand public. Pouvez-vous revenir en détail sur ce que vous avez développées ?
Yvon Mombo : Merci de l’opportunité que vous m’offrez pour être un peu plus clair sur, notamment, les notions sur lesquelles j’ai intervenu, sur l’architecture budgétaire, la démarche de performance et la gouvernance des programmes qui sont des notions importantes qui structurent un document essentiel qui est joint au projet de loi de finances que l’on appelle projet annuel de performance (PAP).
Infos Gabon : Parlant de maîtrise de la dépense publique, qu’est-ce que le PAP a pu apporter dans le système budgétaire du gabonais ?
Yvon Mombo : Il faut retenir que le gouvernement a décidé de changer son régime financier depuis 2015 pour passer de la logique de moyen à une culture des résultats et de performance. Ce qui nécessite que l’administration redéfinisse les objectifs des résultats pour s’arrimer et de participer à la dynamique impulsée par les Etats membres de la Communauté Économique et Monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC), axée sur une démarche de performance et des résultats.
Infos Gabon: Durant ces deux jours de formation, plusieurs questions ont filtré sur les innovations de la Budgétisation par objectifs de programme (BOP). Concrètement, quel changement depuis son instauration en 2015 ?
Yvon Mombo : La Budgétisation par objectifs de programme, depuis 2015, date de sa mise en place, a apporté plusieurs changements en ce qui concerne le budget, surtout dans le cadre de sa préparation. Le budget se présente depuis lors différemment. Avant cette période, le budget était présenté par mission, par section, chapitre et par paragraphe qui sont donc les éléments d’une nomenclature qui n’est plus d’actualité.
La nouvelle nomenclature établie avec le système B.O.P s’inscrit désormais de grande politique publique, c’est-à-dire mission-programme-action, les missions représentent les grandes politiques publiques et les programmes et actions sont la déclinaison de ces politiques au niveau de l’architecture budgétaire et la lisibilité.
On note aussi comme amélioration, le fait que le budget soit plus lisible et orienté vers l’atteinte des résultats. Il ne suffit plus d’inscrire des crédits à l’intérieur des ministères, mais plutôt faire adosser ces crédits qui seront évalués à la fin de l’exercice budgétaire. L’autre innovation, c’est l’instauration du dialogue de gestion qui est une méthode qui consiste à impliquer tous les acteurs qui concours à la réalisation des politiques publiques en partageant les idées pour une bonne exécution des activités retenues.
Enfin, l’autre l’avancement que l’on pourrait mettre à l’actif de la B.O.P, c’est l’élargissement du pouvoir du parlement qui participe à l’élaboration de la loi des finances et au débat d’orientation budgétaire.
Infos Gabon : Le suivi de l’exécution des projets retenus dans la loi des finances pose toujours problème, même avec l’instauration du système B.O.P. Quelles sont les mesures prises pour changer cette pratique à l’origine des éléphants blancs ?
Yvon Mombo : La budgétisation par objectifs de programme, dès sa mise en œuvre, a éclaté la fonction d’ordonnateur de crédit, contrairement à l’ancienne pratique. Aujourd’hui, le ministre du budget n’est plus le seul ordonnateur de crédit. Les ministres sectoriels ainsi que leurs responsables administratifs deviennent des ordonnateurs délégués. C’est à eux que revient la mission du suivi des projets qu’eux-mêmes ont mis en œuvre.
Infos Gabon : Au finish, quelles ont été les motivations de votre administration en organisant ce séminaire dédié aux hommes des médias ?
Yvon Mombo : Les autorités du ministère, en organisant ces travaux, avaient plusieurs objectifs qui visaient dans un premier temps, d’échanger avec les communicateurs sur les notions budgétaires dans le sens où ils sont un relais important et surtout mieux comprendre les termes techniques qui touchent la question de budget, mais aussi partager avec l’ensemble des populations qui s’y intéressent afin de leur permettre de mieux appréhender et comprendre ces notions et le fonctionnement.
FIN/INFOSGABON/SMM/2019
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