Gabon : le nouveau cambriolage à la CNAMGS relance les soupçons et révèle un malaise profond au sein de l’institution
Libreville, Jeudi 23 Octobre 2025 (Infos Gabon) – La Caisse nationale d’assurance maladie et de garantie sociale (CNAMGS), censée être un pilier de la protection sociale au Gabon, traverse une nouvelle zone de turbulences.
Dans la nuit du 21 au 22 octobre 2025, le siège de Libreville a de nouveau été victime d’un cambriolage, le deuxième en moins de cinq semaines. Un épisode troublant, survenu à peine quelques jours après la nomination d’un nouveau directeur général.
Une série noire qui interroge
Les faits ne sont pas isolés. Le 12 septembre dernier, le service des Ressources humaines de La Sablière avait signalé la disparition d’un disque dur de paie, contenant des données sensibles sur la rémunération des agents. Avant cela, un incendie “mystérieux” avait ravagé l’ancien siège de l’institution, laissant derrière lui plus de questions que de réponses. Aujourd’hui, c’est un nouveau cambriolage qui vient rallumer les inquiétudes et les soupçons.
Derrière ces incidents répétés, beaucoup y voient moins le fruit du hasard que celui d’un climat interne délétère, où rivalités, règlements de comptes et fragilité managériale s’entremêlent. Le départ houleux de l’ancienne directrice générale, évincée par le Conseil d’administration après un conflit ouvert avec le président du conseil, avait déjà révélé la profondeur des fractures au sein de la CNAMGS.
Entre malaise structurel et perte de confiance
Officiellement, la direction tente de minimiser l’incident. Dans un communiqué publié mercredi, elle a assuré que la sécurité serait renforcée et que les activités de la caisse se poursuivraient normalement. Mais sur le terrain, la confiance des agents est entamée. “On ne se sent plus en sécurité, ni pour nos données, ni pour notre travail”, confie sous anonymat un employé de la CNAMGS.
Ces cambriolages à répétition mettent en lumière un problème de gouvernance et de transparence. L’institution, au cœur du système social gabonais, gère des milliards de francs CFA chaque année pour assurer la couverture santé des populations vulnérables.
Mais depuis plusieurs années, elle traîne une réputation d’opacité et d’instabilité, marquée par des changements fréquents de direction, des querelles internes et des soupçons de mauvaise gestion.
Un symbole de dysfonctionnement administratif
La CNAMGS est censée être un modèle de service public moderne, garantissant à chaque citoyen une protection sociale équitable. Pourtant, elle semble aujourd’hui emblématique des dérives d’une administration défaillante, où la sécurité, la rigueur et la responsabilité se diluent dans un brouillard de scandales et d’improvisation.
Ce nouveau cambriolage, au-delà de la simple effraction, révèle le désordre systémique d’un établissement devenu vulnérable à tous les vents. “Quand une institution censée protéger les autres n’arrive plus à se protéger elle-même, c’est toute la crédibilité du système qui vacille”, résume un analyste.
Un test pour la nouvelle direction
Pour le nouveau directeur général, cet épisode s’apparente à un baptême du feu. À peine installé, il doit affronter non seulement l’héritage des tensions internes, mais aussi l’urgence de rétablir la confiance et la sécurité. Son défi : transformer une institution fragilisée en une structure capable de garantir à la fois la transparence et la sérénité administrative.
Mais au-delà des murs de la CNAMGS, cette affaire questionne la capacité de l’État à assurer la stabilité de ses organes stratégiques. Car ce qui se joue ici dépasse le simple vol : c’est la fiabilité du système social gabonais qui est mise à l’épreuve.
La CNAMGS, depuis sa création, symbolise une promesse sociale forte : celle d’un État protecteur et solidaire. Mais les récents événements rappellent à quel point cette promesse reste fragile, prisonnière d’une gouvernance vacillante. À l’heure où le Gabon cherche à refonder son administration et à restaurer la confiance publique, la réforme de la CNAMGS apparaît désormais comme un test décisif de la crédibilité du changement.
FIN/INFOSGABON/SO/2025
Copyright Infos Gabon

















