Gabon : Le SNEC et la CONASYSED font des grèves politiques
Libreville, 13 février 2013 (Infos Gabon) – Plusieurs syndicats ou groupements syndicaux au Gabon ont choisi d’entrer en grève en ce moment particulier de la concertation politique, qui indiquerait que le pouvoir aurait ainsi cédé aux pressions multiformes des opposants tenants de l’idée d’une conférence nationale souveraine.
Ainsi ce même pouvoir pourrait très bien céder aux pressions des grèves de divers groupements syndicaux pour l’ouverture d’une concertation ou dialogue social ; le problème est que dans cette hypothèse ces grèves procéderaient davantage du mobile politique.
En effet, selon le code du travail, « le syndicat doit être indépendant du gouvernement, des partis politiques et du patronat. » ; on peut alors poser comme premier critère qu’une grève d’un syndicat ou groupement syndical peut revêtir un caractère politique parce que ce syndicat ou groupement politique n’est pas indépendant du gouvernement, des partis politiques et du patronat.
Dans ce débat, le préavis de grève de la CONASYSED (un des groupements syndicaux de l’éducation nationale) et même la grève du SNEC (Syndicat National des Enseignants et Chercheurs) semblent réunir les critères de grèves politiques.
S’agissant de la CONASYSED, force est de constater que plusieurs de ses leaders ont fait montre d’engagement politique dans l’opposition gabonaise. C’est le cas Fridolin Mve Messa qui fut membres de l’ex UN et du gouvernement d’AMO (Andre Mba Obame).
Plus récemment M. Lébama, Porte parole en exercice de la CONASYSED est passé en boucle sur TV+ pour relayer le discours de l’opposition politique ce qui est la preuve d’un manque d’indépendance manifeste de ce responsable syndical, et partant de son groupement syndical, des partis politiques de l’opposition.
De même Jean Remy Yama du SNEC a été candidat de l’UGDD devenu l’UN ; et il a représenté Paulette Missambo candidate de l’ex UN à Mulundu, à l’émission débat des législatives partielles de 2010.
Ces syndicalistes ont donc démontré qu’ils ne sont pas indépendants des partis politiques ; ce sont donc des contre exemples des Alini, Ngoua Ngou, feu Mayombo, Mombo Mouelé etc.
Mais encore, selon l’article 344 du code du travail « sont des grèves illicites, les grèves à caractère politique ».
La désolidarisation de Fridolin Mve Messa de l’actuel préavis de grève de la CONASYSED en dit long sur ce débat autour des cas de grèves illicites parmi lesquels les grèves à caractère politique ; et l’appréciation du caractère politique d’une grève devrait ressortir de l’examen de ses motifs ou mobiles.
Le porte parole de la CONASYSED, M. Lébama qui a relayé le discours de l’opposition sur TV+ propriété d’AMO, ne se sert-il pas de son groupement syndical et de ce préavis de grève en fin de mettre la pression et obtenir du pouvoir une concertation sociale sitôt après la fin de la concertation politique fixée entre le 15 et le 22 février 2013 ; ce qui s’apparenterait à l’idée d’une conférence nationale souveraine en deux séquences.
Ce mobile politique est d’autant plus plausible que le motif allégué de la grève de la CONASYSED s’avère peu convainquant : il s’agit des effectifs pléthoriques, comme si ce groupement syndical pense légitime et raisonnable de débuter l’année scolaire en escomptant que 3 mois plus tard seulement, le Gouvernement pourrait construire le nombre de salles de classe qui réglera le problème des effectifs pléthoriques.
C’est tout bonnement surréalité, sachant que les délais de réalisation des constructions immobilières, et de façon générale, les délais de réalisation des travaux publics, ne se décomptent pas en unité de mois, mais suivant des planifications budgétaires pluriannuelles.
Ce problème des effectifs pléthoriques qui est posé au bout d’un trimestre à peine, n’est donc pas présentement un juste motif de grève ; d’où que le préavis de grève de la CONASYSED procède plus du mobile politique.
Au demeurant, on observera que les motifs de grève du SNEC, à savoir, l’augmentation des rémunérations et l’octroi des parcelles procèdent davantage de contingences techniques des administrations concernées que des desideratas du Gouvernement ; par conséquent là encore ce syndicat profite du contexte d’ouverture politique pour entrer en grève alors que des travaux en commissions pouvaient faire avancer ces dossiers administratifs.
FIN/INFOSGABON/PK/MM/2013
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