Gabon : Aurelie Ntoutoume placée en détention
Libreville, Jeudi 23 Janvier 2020 (Infos Gabon) – Après neuf jours de garde à vue, la secrétaire générale du ministère des Transports, de l’Equipement, des Infrastructures et de l’Habitat a finalement été déférée mardi à la prison centrale de Libreville.
Aurélie Ntoutoume a passé sa première nuit à «Sans famille», la célèbre prison centrale de Libreville, où elle a été déférée mardi en début de soirée au terme de neuf jours de garde à vue. La secrétaire générale du ministère des Transports, de l’Equipement, des Infrastructures et de l’Habitat serait impliquée dans un marché de 200 millions de francs obtenu il y a dix ans, mais pas intégralement exécuté. «On lui a fait passer comme une véritable prédatrice des deniers publics. Nous avons lu dans la presse qu’elle a détourné jusqu’à 8 milliards de FCFA. Cela nous a étonné», a regretté Me Albert Bikalou, avocat de l’accusée. D’après l’accusée, ledit marché consistait en la réalisation des plateaux sportifs au lycée public de Lastourville, mais n’a pas pu être exécuté intégralement pour des raisons indépendantes de sa volonté.
Selon les dires d’Aurélie Ntoutoume, une fois surplace dans la ville de Wongo en vue de la réalisation des travaux dont le taux d’exécution était déjà à 40%, elle sera convoquée d’urgence à Libreville par les soins de Séraphin Moundounga, alors ministre de l’Enseignement supérieur, qui lui ordonne la construction des dos-d’âne devant l’Université Omar Bongo (UBO) après la mort tragique d’un étudiant percuté par un automobiliste. A travers un ordre verbal, Mme Ntoutoume se verra par la suite attribuer le marché de construction de la barrière de l’UOB qui s’est écroulée du côté de l’ambassade du Liban avec l’avance des fonds du marché de Lastourville.
Malheureusement, il s’avère que le certificat de livraison du marché à elle délivré à l’époque par le responsable du patrimoine de l’UOB était un faux. Selon les enquêteurs, celui-ci a été établi sur la base d’un marché n’ayant rien à voir avec le marché initial.
Comme si cela ne suffisait pas, Aurélie Ntoutoume est également poursuivie pour détournement d’un bien public. A en croire son conseil, il s’agit d’une voiture 607 de fonction que le ministre Séraphin Moundounga aurait abandonné dans la concession de cette dernière et qui l’a déposé à son tour dans un garage. «Toutes ces accusations n’ont rien à voir avec toute la littérature déversée dans la presse ces derniers jours. Ma cliente a d’abord été accusée d’avoir détourné 8 milliards de FCFA, ensuite cette somme a été ramené à 4,5 milliards de FCFA et aujourd’hui finalement 200 millions de FCFA», lance avec désolation Me Albert Bikalou. «Rien ne justifie qu’elle soit placée sous-main de justice. Finalement, ce n’est pas elle qu’on recherche. Apparemment, c’est celui qui lui a donné le marché que l’on cherche», poursuit l’homme de loi.
«Elle passera ce soir sa première nuit à la prison de Libreville le cœur serein et surtout soulagée d’être sortie d’un mauvais film dont la production s’est servie d’elle pour atteindre des objectifs qui ne la concerne pas en réalité», a conclu mardi soir Me Bikalou.
Ancien vice-Premier ministre, Séraphin Moundounga fut l’un des hommes-clés du premier septennat d’Ali Bongo Ondimba avant de basculer dans l’opposition au lendemain de la présidentielle de 2016. Il réside désormais à Bruxelles en Belgique où il pourfend un système que lui-même a contribué à bâtir.
FIN/INFOSGABON/SM/2020
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