Gabon : L’élimination et prévention de toutes les formes de violence à l’égard des femmes en milieu professionnel

Libreville, 9 mars 2013 (Infos Gabon) – Il est de tradition chaque 8 mars, la communauté mondiale commémore la journée internationale de la femme, adoptée en décembre 1977 par l’assemblée générale des Nations-Unies.
Pour le ministre gabonais de la Famille, des Affaires Sociales, Honorine Nzet Biteghe, en rapport avec le thème international qui porte, cette année encore, sur ‘‘ l’élimination et la prévention de toutes les formes de violence à l’égard des femmes et des filles’’, cette journée est célébrée au Gabon autour du thème : ‘‘ élimination et prévention de toutes les formes de violence à l’égard des femmes en milieu professionnel ».
La place réservée à la femme au sein de nombreuses sociétés dites ‘‘modernes’’, telles que le Gabon, reste encore largement empreinte des préjugés, dictés par l’environnement social, lui-même forgé par la socialisation. Dans la société bantou à laquelle appartient notre pays, la femme est perçue et se considère elle-même comme inférieure à l’homme, l’image qu’elle intériorise et qui serait à l’origine des dérives et des violences dont elle est souvent victime passive.
La situation juridique au Gabon fait ressortir des discriminations relevées et de mise en exergue par l’étude socio-juridique du statut de la femme gabonaise, et l’étude sur la deuxième partie du code civil. Au nombre de ces discriminations, s’ajoute la violence en milieu professionnel. Laquelle est une réalité dans notre pays, dans la mesure où plusieurs femmes en sont victimes. Ce qui les affecte aussi bien moralement que physiquement. Elles sont donc exposées à l’exclusion de certaines responsabilités, à la discrimination dans les promotions et les carrières.
Mme le ministre a souligné l’importance de s’employer à changer cette image qui infériorise la femme, à l’aidant à prendre conscience de son état de victime. Tout en rappelant que le Gouvernement a initié des actions multiformes de lutte contre les violences, notamment : la formation des acteurs de prise en charge des victimes ; la révision des textes discriminatoires ; la sensibilisation sur les doits humains ; la création d’un Fond national d’aide social ; l’enquête nationale sur les violences faites aux enfants.
Selon Honorine Nzet Biteghe, l’objectif recherché par le département en charge de la Famille et des Affaires sociales, est de sensibiliser, édifier, et surtout d’appeler les femmes et les filles à prendre conscience du phénomène, dans le but de s’approprier les mécanismes juridiques des violences dont elles sont victimes.
Pour le ministre « les femmes doivent comprendre que leur corps est sacré et n’est un diplôme pour qu’on l’utilise pour avoir tel ou tel avantage. Elles sont des citoyennes à part entière et doivent dénoncer les violences dont elles sont victimes dans le cadre professionnel, notamment le harcèlement. Elles doivent avoir le courage d’ester en justice et ne pas accepter ‘être complices de ce qu’elles vivent, en utilisant le silence ou la honte d’en parler. On n’a jamais parlé de victoire sans combat. Il est donc normal de prendre toutes les armes juridiques, physiques et de communication pour mettre fin à cette tragédie. Il s’agit là, d’une lutte de tous les instants, car la bataille pour l’affirmation des droits des femmes demeure toujours vivace et reste d’actualité de nos jours. Que l’on soit jeune fille, femme célibataire, veuve, mariée ou divorcée, la cause est la même ».
En attendant la célébration en différé de la journée internationale de la femme à la fin du mois de mars dans les provinces de la Nyanga, la Ngounié, et le Moyen-Ogooué, une table ronde sur le thème de ladite journée et une causerie-débat portant sur les droits de l’enfant ont organisées vendre à Libreville.
La Première Dame du Gabon et Présidente de la Fondation Sylvia BONGO ONDIMBA pour la Famille, qui milite pour la cause de la femme, a publié une tribune relative à cette journée de la femme.
Tribune de Sylvia Bongo Ondimba
En cette journée internationale de la femme du 8 mars 2013, je tiens à saluer particulièrement mes sœurs qui contribuent chaque jour à la prospérité de leur famille et de leur pays.
Cette année, je suis profondément touchée par le thème choisi par les Nations Unies : « Une promesse est une promesse : il est temps de passer à l’action pour mettre fin à la violence faite aux femmes ».
J’ai choisi depuis 2011 de passer moi aussi à l’action, grâce au travail concret de ma Fondation qui s’efforce chaque jour de lutter contre les violences faites aux femmes et de permettre leur émancipation.
Il est important que les femmes reprennent le pouvoir sur leur vie en accédant à un rôle économique. C’est ce que ma Fondation rend possible grâce à l’octroi du micro-crédit AKASSI à 1600 femmes gabonaises mais également au développement de l’exploitation du moabi et de la résine de l’okoumé par 97 femmes dans les villages.
Comme vous le savez, j’ai beaucoup œuvré pour faire reconnaître les droits des veuves. Aujourd’hui de nouvelles mesures réglementaires sont prises par le gouvernement gabonais, en leur faveur. L’enjeu est maintenant de faire connaître leurs droits non seulement aux veuves elles-mêmes mais aussi aux fonctionnaires qui les font appliquer. C’est ce à quoi s’emploie ma Fondation qui a mené en 2012 un travail de sensibilisation auprès des veuves, et qui l’étend, en 2013, aux agents administratifs.
Le sort des fillettes et des jeunes filles me concerne tout particulièrement. Elles sont l’espoir de notre pays mais également les plus vulnérables aujourd’hui. Elles sont violées dans le confort ambigu du foyer, malmenées physiquement, victimes de prédateurs sexuels dès leur plus jeune âge. Trop souvent, leur vie se trouve bouleversée par le virus du VIH ou par une grossesse précoce non désirée. Elles doivent pouvoir s’exprimer. Cette année, ma Fondation met en place un numéro anonyme et gratuit. Ce numéro sera dédié à l’écoute et à l’information des adolescentes et des jeunes adultes.
Et puisqu’au bout du compte, force doit revenir à la loi, félicitons-nous de la révision prochaine du Code pénal afin de mieux protéger les victimes de violences et de harcèlement sexuel au travail.
Pour dire non au fatalisme, nous devons nous présenter debout, exigeantes et dignes. « Le présent est le moment du choix et de l’action », nous rappelait Simone de Beauvoir. Aujourd’hui, l’Afrique, notre nourricière, est à l’orée des grandes mutations. Ce siècle, encore jeune, sera le sien si nous réussissons à libérer le potentiel créatif et ingénieux des 53% de Gabonais qui sont des Gabonaises.
Pour atteindre cet objectif, j’ai choisi l’engagement. Pour un Gabon solidaire et exemplaire, je travaille sans jamais oublier celles à qui nous devons tout, nos mères, ni celles qui porteront demain nos rêves, nos filles.
Au sein de la Fondation que j’ai créée, au fil de mes activités publiques, chaque jour est un 8 mars. Tel est mon crédo !
FIN/INFOSGABON/PK/MM/2013
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