Gabon : Les têtes doivent tomber !
Libreville, 10 janvier 2013 (Infos Gabon) – Guy Nzouba Ndama, Président de l’Assemblée Nationale gabonaise, n’a jamais été aussi clair, ni aussi impénitent. Le mercredi 3 janvier dernier, il a soulevé un tollé de réactions diverses en dénonçant l’attitude des ministres boycotteurs des auditions parlementaires. Pour le président de l’Assemblée nationale, certains ministres jugés incompétents ont peur de se faire auditionner par l’Assemblée nationale. Ces membres du gouvernement boycottent les auditions en prétextant se rendre en mission à l’étranger alors qu’on les aperçoit se pavaner dans les rues de Libreville dans leurs rutilants bolides 4×4. D’autres, se cachent derrière le bouclier de l’ANGT, au motif qu’ils ne gèrent aucuns budgets et ne sont donc, dans ce cas, comptables de rien. La réalité, nous a-t-on dit, est que ces ministres sont fatigués de jouer les figurants, vu qu’ils ne décident de rien, selon eux. Et, que c’est quelqu’un d’autre qui décide tout et dépense les budgets à leur place en laissant à ces derniers le soin d’en assumer la responsabilité. C’est au vu de cette situation inacceptable qu’ils refuseraient de se pointer à l’exhibition des soi-disant chantiers et ne veulent plus perdre leur temps précieux pour des soi-disant auditions.
Guy Nzouba Ndama n’est pas le premier à indexer ces boycotteurs de l’action gouvernementale. En toute impunité, ils refusent de se présenter aux interpellations, ainsi qu’aux conférences de presse. Ils refusent de répondre aux questions d’actualité au Parlement. Pourtant, ces ministres sont nourris et logés aux frais de l’Etat, alors que les Gabonais dorment dans des abris de fortunes et ne mangent pas à leur faim. Ces ministres ont des véhicules de fonction avec chauffeur pendant que les Gabonais ont du mal à se rendre à leur lieu de travail sous un soleil d’aplomb ou sous des pluies torrentielles. En agissant ainsi, ils montrent qu’ils sont incapables de remplir leur fonction. Certains vont se faire soigner à l’étranger pendant que les hôpitaux du Gabon ont du mal à remplir pleinement leurs missions.
Si les faits dénoncés sont avérés, c’est un scandale regrettable qui entrave l’action du chef de l’Etat, du gouvernement et du Parlement et dont les responsabilités doivent être situées. Et, les têtes doivent tomber !
Comment comprendre qu’après les multiples instructions et coups de colère du chef de l’Etat, et après près de huit mois de constat général d’incompétence de l’équipe gouvernementale de Raymond Ndong Sima et de dilapidation des fonds du contribuable gabonais, l’impunité continue à s’ériger en système ? Lors de la cérémonie de présentation des vœux au Président de la République, Guy Nzouba Ndama s’est résolu, mercredi dernier, dans son allocution, à en faire tomber, en suggérant à Ali Bongo de relever certains ministres du gouvernement de leurs fonctions. Et, les ébruitements qui commencent à nous parvenir ne sont pas de bon augure pour l’équipe dirigée par RNS.
En un mot, beaucoup de ministres seraient soit impolis, soit incompétents, d’où le recadrage souhaité par certains. Plus grave encore, certains membres du gouvernement se seraient mis plein les poches en si peu de temps. Les sanctions ne devraient en principe pas tarder à tomber si celui qui devrait le faire (RNS) ne donnait pas l’impression d’avoir les mains liées.
Il se susurre que RNS aurait de bonne raison de ne pas agir promptement et de sanctionner les fautifs. Face à l’épée Damoclès qui planerait aussi sur sa tête, il jouerait des pieds et des mains tant du côté du chef de l’Etat que celui de certains lobbies maçonniques pour ne pas être inquiété. L’avenir jugera. Mais avant, le peuple attend la réaction du Président Ali Bongo Ondimba, pour qu’il use de tout son poids pour assainir ce climat mal sain et relancer la machine. Le peuple gabonais ne veut pas voir les ministres du gouvernement, qui sont payés à prix d’or, torpiller directement ou indirectement, par des comportements indécents et impolis, les ambitions affichées par le chef de l’Etat pour le bien-être des Gabonais et l’émergence du Gabon. Beaucoup en viennent à se poser la question suivante : à quand la fin de cette recréation Monsieur le Président ?
Ali Bongo doit absolument sévir. Car, le coup de colère teinté d’arrogance, de mépris et d’audace que Guy Nzouba Ndama a affiché lors de la présentation des vœux au Président, ainsi que l’ovation qu’il suscita ce jour là, sont autant de signaux et d’indicateurs étalés au grand jour, pour les observateurs avertis, de la capacité de nuisance dont ce vétéran de la politique dispose. La méconnaissance de la gravité de cette réaction émotionnelle ou préméditée peut réserver bien de surprises à la stabilité des institutions.
Au rythme où vont les choses, il n’est pas exclu de voir dans l’avenir, si les maux dénoncés par ce dernier ne sont pas corrigés, le président de l’Assemblée nationale et les siens, qui disposent de l’arme redoutable qu’est la motion de censure, d’en faire, un jour, usage. Avec la majorité écrasante dont il dispose et qui est acquise à sa cause, il a toutes les possibilités de mettre hors d’état de nuire tout gouvernement décrié par l’ensemble des députés durant la 12ème législature ; créant ainsi des conséquences connexes et imprévisibles sur la stabilité des institutions du pays. Une instabilité qui pourrait faire le lit de certains aventuriers ou assoiffés de pouvoir.
« Lors de la prochaine session, les membres du gouvernement qui n’obtempéront pas aux interpellations des députés seront dénoncés sur la place publique », a averti M. Nzouba Ndama. Il appartient dorénavant à Ali Bongo d’anticiper et de châtier tous les torpilleurs potentiels de la quiétude des institutions de la République.
Par Amélie Edwani
FIN/INFOSGABON/AE/2013
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