Economie

Logements sociaux au Gabon : L’espoir renait à Bikélé

Libreville, Jeudi 3 Mai 2018 (Infos Gabon) – Joël Mbiamany Tchoreret, directeur général de la Société nationale des logements sociaux rassure quant à la livraison d’ici la fin d’année de cet important chantier, après la reprise des travaux.

On en sait désormais un peu plus sur le grand retard qu’accuse la Société nationale des logements sociaux (SNLS) pour la livraison aux ayant-droits des maisons payées et réservées sur le site de Bikélé. Trois ans après le délai butoir de livraison desdites résidences, l’entreprise n’a toujours pas honoré ses engagements. Une situation qui a laissé planer le doute sur les capacités de la structure à respecter son cahier de charges.

Afin de lever toute inquiétude et rassurer l’opinion sur cet ambitieux projet si chère au président Ali Bongo Ondimba dans sa politique de loger décemment ses compatriotes, Joël Mbiamany Tchoreret, directeur général de la SNLS, est sorti de sa réserve pour donner d’amples explications.

Selon lui, le retard observé jusqu’ici ne relève pas du seul fait de la structure dont il a la charge, mais de la combinaison de plusieurs facteurs. «En réalité, la non-livraison des maisons est illustrative d’un problème complexe lié au fonctionnement de la SNLS et des relations d’affaires incestueuses entre la SNLS et ses partenaires. En effet, en arrivant à la SNLS fin avril 2017, comme directeur intérimaire, j’ai trouvé une société en arrêt d’activités et dans une rupture de communication avec ses partenaires économiques. L’aspect le plus illustratif du dysfonctionnement de la SNLS a été de trouver le bâtiment du siège social dans le noir, la SEEG ayant interrompu la fourniture en électricité et en eau», déplore-t-il.

«De surcroit, tous les comptes bancaires courants étaient débiteurs. La société était en situation de cessation de paiement. Pour que la SNLS reprenne ses activités, nous avons dû recourir à l’aide financière d’un privé», poursuit l’orateur.

Une situation particulièrement difficile qui n’a pas permis à la Société nationale des logements sociaux de mener à bien ledit projet. Tout comme certains partenaires impliqués n’ont pas su jouer le jeu. «Dans un tel contexte, avant même d’envisager la livraison des maisons et des terrains viabilisés, il fallait préalablement examiner la situation de la société dans son ensemble. Cette démarche a rencontré de nombreuses embuches. Les notaires, les banques et la direction générale du budget ont refusé de nous accompagner parce que nous n’étions que des intérimaires et que nous ne disposions pas de délégation des pouvoirs pour commander, et instruire certains actes ou pour avoir accès aux informations privilégiées de la société», souligne Joël Mbiamany Tchoreret.

Malgré sa nomination en novembre 2017 comme directeur général de la structure, la structure peine toujours à sortir de l’auberge du fait de multiples pesanteurs. La gabegie érigée en mode gestion sous les administrations successives et par les entreprises adjudicataires a davantage contribué à plomber le projet.

Des partenariats qui redonnent espoir

Malgré ce contexte tendu, la jeune administration n’a pas pour autant cédé au découragement.

Dans son plan de relance, la direction générale a entrepris des partenariats même si cette opération de séduction n’aura pas été un long fleuve tranquille. «Notre quête de partenaires pour achever les travaux de construction des logements nous a conduits à entrer en communication avec HAM, avec qui nous avons conclu un partenariat pour achever la construction des logements sur fonds propres. Cette société a réclamé en contrepartie de son financement que nous lui fournissions une lettre de garantie bancaire d’une institution financière de la place pour couvrir le risque de commercialisation des logements une fois les constructions achevées. Nous avons sollicité et obtenu l’accompagnement financier d’Orabank. Cette institution financière nous a fait parvenir une notification pour un encours bancaire de 6 milliards de francs CFA représentant un tiers du coût total d’achèvement des constructions des maisons et des VRD, et de 500 millions pour assurer les charges du fonctionnement de la société en attendant que nous parvenions à une autonomie financière», se réjouit-il.

Aujourd’hui, grâce au concours financiers d’Orabank, la SNLS peut affirmer sans risque de se tromper qu’elle livrera la totalité des logements d’ici la fin décembre 2018. Au regard de l’incapacité affichée par certaines entreprises adjudicataires à réaliser les travaux dans les délais requis, la Société nationale des logements sociaux a du résilier les différents contrats et chercher de nouveaux partenaires.

«Vu l’incapacité de ces dernières à achever les constructions des logements à partir des fonds perçus et au regard de nos limites à continuer à financer les travaux déjà payés, nous avons dû rechercher des partenaires susceptibles d’achever sur fonds propres ces constructions. Le partenaire que nous avons retenu ne peut intervenir dans l’exécution de l’achèvement des constructions des maisons tant que les marchés de ces constructions sont détenus par d’autres sociétés. Nous avons donc demandé aux entreprises adjudicataires de renoncer aux marchés et d’accepter de continuer les constructions en sous-traitant, selon des nouvelles normes de contrôle et d’exécution des constructions», explique le DG.

Sur l’éligibilité du nouveau partenaire, il énonce un ensemble de critères plutôt rassurants. «Le choix de ce partenaire résulte du fait qu’il s’est porté garant de préfinancer l’achèvement de 923 logements et la densification du reste du programme, soit 1026 logements pas encore sortis de terre. Il prendra par la même occasion en charge la réalisation des VRD et la construction d’équipements collectifs. HAM s’est également engagé à assurer le SAV en mettant en place un système de gestion et d’accompagnement des acquéreurs dans le vivre ensemble. Le partenaire HAM prévoit investir la somme évaluée à 18,76 milliards de francs pour couvrir la réalisation de tous les VRD, les 923 logements mais aussi les équipements collectifs. Pour ce faire, il a sollicité de la SNLS un apport de 5,7 milliards de francs CFA qui constituera une forme de garantie bancaire. Pour précision, le partenaire après évaluation des travaux des 923 logements est arrivé à la conclusion selon laquelle l’apport de 5,7 milliards serait suffisant pour achever lesdits logements. Le reste des travaux nécessitant les 13,06 milliards de CFA aurait un système d’autofinancement», lance Joël Mbiamany Tchoreret.

Une gestion moderne reposant sur la lutte contre la corruption et la gabegie

Avec l’arrivée d’un nouveau manager à la tête de la SNLS, rien ne sera plus comme avant dans la gestion des ressources humaines, financières et matérielles. Dans sa gestion, il entend mettre en place des services tels que «le service administratif et financier, en mettant en place un système de comptabilité interne efficace qui était jusqu’ à mon arrivée géré par un cabinet comptable et juridique qui ont été incapables de produire des liasses fiscales depuis fin 2014 et qui recevaient 34 millions de francs CFA par trimestre. Nous avons redéfini les missions des services informatique et commerciale. Nous avons mis en place un bureau d’études pour concevoir et examiner les travaux de construction et veiller à leur bonne exécution. Nous avons signé des partenariats avec des cabinets conseils juridiques pour examiner les contrats. Nous avons assaini les comptes financiers de la société en réduisant sa dette de 50 à 4 milliards de francs CFA. Nous avons procédé à l’immatriculation de tous nos employés et contracté une assurance médicament et hospitalisation complémentaire. Nous allons très prochainement entamer les discussions avec la CNAMGS pour l’inscription de tous nos employés. Nous avons réalisé tout ceci en six mois. Le plus grand challenge, qui jusqu’à ce jour représente toujours un défi majeur, est la réalisation définitive du projet de construction des logements sociaux de Bikelé», rassure-t-il.

Selon l’orateur, «les constructions de Bikelé ont été réalisées sans études préalables, il n’y a pas eu de modèle économique, pas de cadre de régularisation adéquat, pas d’utilisation fructueuse des ressources humaines et financières, absence d’un système de management organisationnel et d’une étude d’impact environnementale. Dans un projet d’une telle envergure, ne pas mettre en pratique les normes nationales et internationales en vigueur en matière de construction, consiste à s’engager à fournir aux destinataires des logements d’une médiocre qualité. Cette observation a été confirmée lorsque nous avons constaté les malfaçons présentes sur les maisons, le câblage électrique apparent et non sécurisé, les seuils de maisons faits en dessous du niveau des caniveaux, ce qui favoriserait des inondations, les murs de maisons mal calibrés et ce, sans oublier que l’absence de financement pour les investissements structurant (eau et électricité) par l’Etat est un frein à l’avancée dudit projet», fustige-t-il.

Des mesures correctives pour rectifier le tir

Dans le but de contourner le manque de personnel qualifié dans certains domaines techniques, à l’instar de la topographie, de l’ingénierie financière et juridique, l’entreprise dit avoir fait appel aux services des cabinets spécialisés dans les différents domaines cités. «Nous avons la volonté de satisfaire à la demande de tout le monde et serons heureux de pouvoir faire la volonté du chef de l’Etat. La réussite de cette mission nécessite beaucoup d’engagement autant de la part des cadres dirigeants de la SNLS que de celle de l’Etat. Nous laissons la population et plus particulièrement nos clients, de juger d’eux-mêmes s’ils peuvent à nouveau nous faire confiance ou pas par les actes concrets que nous sommes en train de poser. Notre souci majeur est la livraison dans des meilleurs délais des maisons de nos clients. C’est par cette action que nous pourrons à nouveau gagner la confiance de tout un chacun», espère le directeur général de la SNLS.

FIN/INFOSGABON/PM/2018

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